Une fois de plus, le président Macron s’est lâché par une petite phrase bien chargée de mépris. En visite d’Etat à Athènes, il a déclaré qu’il ne céderait sur ses projets de réforme « ni aux fainéants, ni aux cyniques ni aux extrêmes ». Il voudrait jouer au chef d’État droit dans ses bottes, disposé à faire passer ses mesures en force. Mais gare à l’effet retour et à la colère du monde du travail !
Les ordonnances des patrons
Dévoilées fin août, chacune des mesures des ordonnances modifiant le Code du Travail est une attaque en règle contre les travailleurs : licenciements à peu de frais, précarité accrue pour les salariés, et liberté pour les patrons de faire leur loi dans chaque entreprise.
Pour le président du Medef, Pierre Gattaz, ce n’est qu’une « première étape » : il en demande plus. Le Premier ministre, Édouard Philippe, prépare déjà une suite : la hausse de la CSG, une réforme des retraites et de l’assurance chômage, et pour les plus riches, une quasi-suppression de l’ISF. Alors qu’on soigne les patrons au nom du sauvetage de l’économie, voilà que les grandes entreprises affichent des bénéfices record : plus de 50 milliards de bénéfices au premier semestre 2017 pour les entreprises du CAC 40, soit 25 % de plus que pour le premier semestre de l’an dernier.
Et il faudrait qu’on laisse faire ? Il faudrait qu’on écoute la CFDT, qui avait déjà approuvé la loi El Khomri au printemps 2016 et récidive ? Il faudrait qu’on se résigne, comme nous y convie le secrétaire général de la confédération FO alors que nombreux sont les syndicats de sa confédération qui vont participer à la manifestation du 12 septembre ?
Des raisons de participer massivement à cette journée de grève et de manifestations appelée par la CGT, la FSU et SUD/Solidaires, on en a plus qu’il n’en faut.
Le plafonnement de l’indemnité pour licenciement abusif doit permettre aux patrons de licencier même de façon parfaitement illégale en sachant que cela ne leur coûtera pratiquement rien.
Le droit accordé aux patrons des petites entreprises de négocier en dessous même des minima fixés par les accords de branche, va leur permettre d’imposer baisses des salaires, suppressions de primes ou augmentation des horaires en pratiquant le chantage aux suppressions d’emplois ou à la fermeture. C’est une pratique déjà courante, y compris dans de grandes entreprises. Elle deviendrait la règle.
La durée des CDD et le nombre de leurs renouvellements possibles pourraient être modifiés selon les branches au gré des besoins du patronat, accroissant encore la précarité des emplois.
Quant à la fusion des instances des représentants du personnel (Délégué du Personnel, Comité d’Entreprise et Comité Hygiène Sécurité et Conditions de Travail), elle vise à les transformer en professionnels du papotage avec les employeurs, le fameux dialogue social censé remplacer les luttes.
Le massacre des emplois aidés
Le gouvernement ose parler de politique pour l’emploi. Mais il est le premier des licencieurs, avec la réduction drastique du nombre d’emplois aidés, qui passeront de 460 000 à 310 000 fin 2017.
Répartis essentiellement dans les services publics et dans des associations assurant des services sociaux, ces salariés remplissent des tâches indispensables : dans cette rentrée scolaire, de nombreuses mairies n’ont pas pu assurer le bon fonctionnement des cantines des écoles ou ont supprimé carrément des activités périscolaires ou de soutien aux élèves en difficulté ou handicapés.
Cette journée de grève et de manifestations du 12 septembre doit être le plus massivement suivie. Et il ne faudra pas en rester là. Une journée d’action le 21 septembre est déjà annoncée par la CGT. Indépendamment de toutes les tactiques, accords ou désaccords des directions syndicales, il ne tient qu’à nous de faire du 12 septembre le point de départ d’une riposte générale du monde du travail.