Le discours hypocrite de Macron, mercredi 21 février, faisant la morale pour demander une trêve en Syrie, tombait le jour même où son ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, présentait son nouveau projet de loi pour fermer davantage la porte aux migrants, et accentuer ici la chasse aux immigrés.
Conseil de sécurité… des riches contre les pauvres
Il a fallu des jours, alors que les bombes du régime syrien faisaient des centaines de morts à la Ghouta, banlieue de Damas, avant que les palabres à l’ONU aboutissent à un appel à la trêve. Une trêve qui aura duré à peine 3 h !
Pourquoi tant de tergiversations ? Parce que les grandes puissances, celles qui ont droit de veto sur toute décision de l’ONU, sont complices du massacre. La Russie soutient le dictateur Assad. Mais les États-Unis ou la France, qui le condamnent, mènent depuis des années leurs propres guerres dans la région pour le contrôle du pétrole, et sont alliés au dictateur turc Erdogan que Macron a reçu récemment à Paris. Cet Erdogan qui massacre la population kurde.
Ces guerres, dont des images défilent tous les jours à la télé, ont jeté hors de chez eux des hommes, femmes et enfants qui s’entassent par millions dans des camps, dans les pays voisins. Il y a plus de 3 millions de réfugiés syriens en Turquie, 1,3 million au Liban, petit pays qui compte dix fois moins d’habitants que la France, 600 000 en Jordanie…
Mais à ceux qui tentent de gagner des pays plus riches, comme aux travailleurs africains qui fuient eux aussi des guerres, des dictatures et la misère, l’Europe ferme ses frontières, les laissant mourir en Méditerranée ou dans les cols des Alpes. La France des Sarkozy, Hollande et maintenant Macron, en tête.
Le ministre de la chasse aux migrants
Car la France a beau être déjà le pays d’Europe le plus mesquin en matière d’accueil, le ministre de l’Intérieur veut encore renforcer les lois contre l’immigration. Son projet entend réduire les délais dont les réfugiés disposent pour faire une demande d’asile ou un recours en cas de refus, les empêchant de faire valoir leurs droits. Par contre, il compte prolonger de 45 à 135 jours la durée maximale de maintien en centre de rétention d’immigrés sans papiers que le gouvernement ne peut pas expulser.
Passer en douce la frontière deviendrait un crime passible d’un an d’emprisonnement et 3 750 € d’amende. Quant aux travailleurs immigrés sans papiers, que les patrons, notamment dans le bâtiment, exploitent sans merci à des travaux durs et mal payés, ils seraient passibles de cinq ans d’emprisonnement et 75 000 € d’amende pour travailler avec des papiers qui ne sont pas les leurs, ce qui est toléré à ce jour dans la mesure où les patrons eux-mêmes les y incitent.
Vive la liberté… de circulation
Ce projet suscite l’opposition dans les rangs même de la majorité macroniste, jusqu’au Conseil d’État qui dit ne pas en voir la raison tant les lois précédentes suffiraient.
Pour se justifier, Collomb prétend qu’il ne ferait que suivre l’opinion publique. L’opinion des partisans de Le Pen et Wauquiez ? Mais l’opinion publique, ce sont aussi ces habitants des Alpes qui bravent la loi pour porter secours aux migrants. Ce sont ceux de Calais, de Caen ou d’Ouistreham qui manifestent contre la destruction des refuges et les expulsions.
C’est avec le meilleur de l’opinion publique que nous serons nombreux à manifester samedi 17 mars prochain, contre le racisme et pour la liberté totale de circulation et d’installation.