Qui sont les véritables sauvages ?
Macron et son gouvernement, prenant la suite de la campagne engagée par le Rassemblement National, se sont lancés dans une surenchère de démagogie sécuritaire. Projet de loi contre le « séparatisme », reprise du vocabulaire de l’extrême droite sur « l’ensauvagement de la société » : tout est bon pour masquer la gestion calamiteuse de la crise sanitaire et les attaques portées par les capitalistes contre le monde du travail.
Une campagne mensongère
Pendant tout l’été, les mouvements d’extrême droite ont instrumentalisé des faits divers sordides en les reliant à l’immigration. Pourtant, les études statistiques ne montrent pas d’augmentation de la délinquance au cours des derniers mois ou années. Dès lors, cette campagne aurait pu rester cantonnée aux réseaux de la fachosphère.
Mais depuis la fin de l’été, on voit le gouvernement surenchérir sur la démagogie sécuritaire et raciste du RN. Macron accuse de menées « séparatistes » les manifestants antiracistes ayant participé au mouvement international suite à la mort de George Floyd aux États-Unis. Darmanin se saisit du même vocable et prépare une loi, présentée comme un rempart à « la guerre civile », contre le séparatisme « islamique ». Et la démagogie xénophobe du ministre de l’Intérieur devient criminelle : il pousse le cynisme jusqu’à interdire des distributions alimentaires aux migrants à Calais.
Comme ses prédécesseurs, Darmanin est tout juste bon à parader, protégé de ses robocops, le temps de quelques photos, dans des quartiers souffrant du chômage, de la misère et des trafics qui en découlent, comme il l’a fait à Grenoble le 26 août dernier. Tout ça c’est du spectacle ! Aucune mesure contre l’injustice sociale. La population de ces quartiers n’a rien à attendre des politiciens pour résoudre les réels problèmes auxquels elle fait face.
La première des violences
Mais, pour Macron et consorts, la question n’est pas là. Pointer la prétendue violence des classes populaires leur permet surtout de détourner l’attention de celle, structurelle et bien plus envahissante, des capitalistes et des États à leur service.
Ce sont eux qui, par leurs licenciements programmés chez Renault, Nokia, Auchan ou General Electric, brisent des vies et plongent familles, quartiers et villes dans la pauvreté. Ainsi la sixième fortune de France, la famille Mulliez à la tête d’Auchan, n’a aucun scrupule à mettre 1 400 salariés à la porte.
C’est pour alléger leurs cotisations et impôts que l’hôpital et la Sécurité Sociale ont été dépecés, avec les conséquences dramatiques révélées par la crise sanitaire actuelle. C’est leur police qui traque et harcèle les migrants, les laisse mourir en Méditerranée, tue et mutile dans les manifestations et les quartiers. Ce sont leurs gouvernements qui refusent d’accueillir les 12 000 réfugiés du camp de Moria de l’île grecque de Lesbos. La voilà la première des violences. Les voilà les véritables sauvages.
Les travailleurs n’ont pas à payer la crise
Face à l’urgence de la crise sanitaire et sociale actuelle, le monde du travail n’a pas à se faire dicter son agenda politique par ces sauvages qui nous exploitent et nous gouvernent, mais a tout intérêt à imposer le sien :
– Un million d’embauches dans les services publics ;
– L’interdiction des licenciements et des suppressions d’emplois ;
– Le partage du travail entre tous sans perte de salaire pour en finir avec le chômage ;
– Au moins 300 euros d’augmentation des salaires par mois pour toutes et tous,
– Et toutes les mesures nécessaires pour préserver notre santé, celle de nos anciens et de nos enfants.
Pour cela, il faudra que le monde du travail retrouve confiance en ses propres forces et l’espoir de changer cette société, tout comme le chemin des mobilisations collectives. La grève du jeudi 17 septembre appelée par la CGT, Solidaires et la FSU pourrait constituer une étape dans ce sens.