Nous voilà donc face à la deuxième vague de l’épidémie de Covid-19. « Surpris par l’évolution du virus » comme l’a dit Macron ? Personne ne l’avait vu venir ? Cette seconde vague serait tellement plus sournoise que la première : elle ne nous contamine que quand on prend un verre avec des amis, ou quand on va au cinéma. Jamais au travail. Jamais dans les transports bondés, ni dans les écoles. En somme, elle ne faiblit que devant le chiffre d’affaires des grandes entreprises. C’est vrai qu’une mutation pareille, un virus intelligent qui éviterait bureaux et usines, aucun scientifique ne pouvait la prévoir.
Petits commerces et grosses incohérences
Face au coronavirus, « confinement » oblige, certaines entreprises vont donc fermer : petits commerces, librairies, coiffeurs, bars, restaurants… Les productions dites « non essentielles ».
Mais qu’est-ce qui est « essentiel » ? Aller chez le fleuriste ne le serait pas. Mais vous pouvez aller à Truffaut, Gamm Vert et autres Jardiland. La différence ? Ne cherchez pas : le premier est un petit commerçant – un petit patron, certes, parfois dur avec ses salariés, mais un petit. Les seconds sont de grandes chaînes de distribution. L’« essentiel » pour Macron et Castex est de préserver les poids lourds du capitalisme. Les grandes entreprises, elles, peuvent tourner à plein régime. Il aura fallu l’indignation bien compréhensible des libraires pour forcer le gouvernement à rétropédaler et à faire fermer les rayons Livres de la Fnac ou des grandes surfaces. Mais ce seront des plates-formes comme Amazon qui en profiteront.
Couvrez ce cluster que je ne saurais voir
Pour les travailleurs, le confinement deuxième édition porte bien mal son nom. On part le matin au travail, on envoie les enfants à l’école… C’est juste comme d’habitude, sauf le soir et le weekend : c’est le confinement de la vie privée, des loisirs et de la vie sociale. Pas de confinement par contre pour les plans de licenciements et les suppressions d’emplois.
Ce dimanche, la ministre du Travail, Élisabeth Borne, a osé affirmer qu’« il n’y a pas de contaminations au travail. » Elle couvre ainsi les employeurs qui cachent les cas de Covid, refusent d’en donner le nombre… C’est au prix de tels mensonges qu’on est censé ne rien risquer au travail.
Et l’on envoie les enfants à l’école où le « renforcement » du protocole sanitaire est un leurre vu que personne n’a été recruté dans les établissements scolaires. Avec 35 élèves par classe, comment oser encore parler de gestes barrière ?
Mais le gouvernement s’en moque. Pour lui, l’école sert de garderie du Medef, pour que les salariés qui ne peuvent pas faire de télétravail puissent aller travailler.
Un hôpital qui ne respire pas la santé
La deuxième vague pourrait bien dépasser celle de mars. Les lits de réanimation sont saturés ou en passe de l’être. Nous voilà avec la même situation qu’au printemps : le même manque de respirateurs, de personnel, la même absence d’embauches. Jusqu’à faire travailler des soignants positifs au Covid comme au CHU de Toulouse. Quant à la politique de dépistage, au « tester, tracer et isoler », c’est un échec, faute de moyens et de coordination.
Qu’est-ce qui a été fait depuis mars ? Où sont les créations de lits en réanimation ? Le gouvernement se défausse sur le temps de formation des professionnels de santé. Mais il n’a lancé aucun plan d’urgence pour embaucher massivement.
Durant l’été, certains lits ont même été fermés. Dans la foulée de la politique menée depuis des années : en 15 ans, au total, ce sont 68 170 lits qui ont été supprimés. On en est de nouveau à repousser les autres interventions pour donner la priorité aux patients Covid. C’est qu’avant le Covid, l’hôpital fonctionnait déjà à la limite de l’implosion.
Le gouvernement ne se sent responsable que de la profitabilité des grandes entreprises. Les salariés ne peuvent compter que sur eux-mêmes pour défendre leurs intérêts. Ne confinons pas nos colères !