Au Mondial de l’Auto, les salariés font entendre leur voix

Jeudi 17 octobre, les salariés de la filière automobile s’étaient donné rendez-vous devant le Mondial de l’Auto porte de Versailles à Paris à l’appel de la CGT Métallurgie et de SUD Industrie. Des délégations de Dumarey Powerglide, Novares, EuroStyle, MA France, Walor, Valeo, Forvia, Bosch, Renault ou encore Stelllantis sont venus de toute la France. Étaient présents aussi Sophie Binet, la secrétaire nationale de la CGT, et des syndicalistes italiens, américains ou belges. Tous se sont succédé à la tribune, qui pour raconter leur lutte, qui pour dénoncer les menaces qui pèsent sur leur site.

En effet, que ce soit chez les sous-traitants, les équipementiers ou les constructeurs automobiles, la destruction des emplois bat son plein. 70 000 ont été supprimés ces 11 dernières années dans la filière. Après une réduction de moitié de leurs effectifs depuis 2007, les équipementiers automobiles français « pourraient perdre la moitié de leurs emplois dans les cinq ans » pronostiquait mi-septembre le président de la Fédération des équipementiers automobiles. La production de véhicules en France a chuté de 60 % depuis 2004. L’usine Stellantis de Poissy (2500 salariés), la dernière usine d’assemblage en Ile-De-France après la fermeture des chaines de montage de Renault Flins cette année, est elle aussi menacée de fermeture à court terme.

Cette hécatombe serait due, selon la propagande patronale, à l’électrification du parc automobile et à la concurrence chinoise. Si le patronat pleurniche, c’est pour obtenir toujours plus de subventions publiques tout en continuant à supprimer des emplois et à engranger des milliards de bénéfices. Luca De Meo promet 7,5% de marge opérationnelle pour Renault en 2024, quand Carlos Tavares vise entre 5,5 et 7% pour Stellantis. Mais ces marges ne sont toujours pas assez élevées pour les marchés financiers.

Pour augmenter les ventes, la concurrence est certes rude, surtout lorsque le marché automobile se réduit. Pas assez d’acheteurs ? C’est que les véhicules neufs sont trop chers et les salaires trop bas. Pour gagner des parts de marché, la concurrence se mène d’abord entre les constructeurs européens, Renault, Stellantis ou VolksWagen, davantage qu’avec les chinois BYD ou MG. Mais la mise en concurrence des travailleurs, ce sont Renault ou Stellantis qui l’organisent en délocalisant dans les pays où la main d’œuvre est moins chère.

Ce Mondial a fait la part belle aux véhicules électriques. Après le Dieselgate, cette tricherie généralisée des constructeurs sur les émissions polluantes des véhicules à moteur thermique, ceux-ci ont mis plein pot sur le greenwashing afin de redresser leur image et surtout leurs profits. En fait, le véhicule électrique n’est pas plus propre que le véhicule thermique. La production d’électricité et de minerais pour la fabrication des batteries est particulièrement polluante. Le dérèglement climatique est la conséquence de plus d’un siècle d’exploitation de la planète par les capitalistes, une fuite en avant vers une croissance débridée et destructrice de l’environnement qui continue. La solution ne peut venir que d’une réorganisation de la production selon les intérêts de la population et de la planète. Ce qui n’est possible que si les capitalistes ne sont plus aux manettes.

Les travailleurs ne sont pas responsables des crises économiques ou climatiques. Il n’est pas question qu’ils en soient les victimes. Pour stopper la destruction des emplois et le nivellement par le bas des salaires et des conditions de travail, les salariés de MA France ou de Valeo présents le 17 octobre devant le Salon de l’Auto montrent le chemin, celui des luttes. Ce rassemblement a prouvé qu’ils ne sont pas seuls. Une première initiative vers l’amplification des luttes et leur convergence qui en appelle d’autres.

Gilles Seguin

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