Pour un “big bang” de la colère sociale

5 128 200 : c’est le nombre officiel de chômeurs en France métropolitaine en septembre, dont 3 432 500 sans aucune activité. La courbe ne « s’inverse » pas. C’est le contraire qui aurait été étonnant, vu que les patrons continuent de licencier en dépit des prétendus efforts du gouvernement, qui consistent avant tout à leur donner toujours plus.

De la révolte dans l’air

Des efforts contre le chômage et la pauvreté, c’est du côté des travailleurs qu’il faut les chercher. Comme en Bretagne où les salariés des abattoirs Gad sont victimes d’un nouveau plan de licenciements.

Des salariés de Gad traités « comme du bétail », selon le témoignage de l’une d’entre eux, par un repreneur qui leur a fait faire la queue pour annoncer aux uns qu’ils étaient repris, et aux autres qu’ils étaient virés.

 

Dans la petite ville de La Châtre, dans l’Indre, il y avait plus de manifestants (6 à 7 000) que d’habitants, autour des ouvriers de l’usine Fenwal, menacés par un plan de licenciements qui supprimerait les trois quarts des effectifs. Le groupe Fresenius, qui les emploie, fait plus de vingt milliards de chiffre d’affaires. Il est vrai que la production de cette usine – des poches de sang pour les transfusions – est plus utile à la population que rentable aux yeux des actionnaires.

Mais plutôt que de s’émouvoir du sort de ces travailleurs, c’est sur le défunt patron de Total, Christophe de Margerie, que le gouvernement a versé de grosses larmes.

Le big bang social du MEDEF

« Soyons honnêtes : nous sommes en échec » a déclaré François Rebsamen, le ministre du travail, au vu des chiffres du chômage. Alors que propose-t-il ?

En plus des baisses d’impôts pour le patronat, de nouveaux « contrats aidés », autrement dit encore de l’argent offert aux exploiteurs. Ce qui leur permettrait, paraît-il, d’embaucher 50 000 personnes l’an prochain : à comparer aux 50 000 chômeurs supplémentaires enregistrés, toutes catégories confondues, pour le seul mois de septembre !

Faut-il vraiment, comme Rebsamen, parler d’un « échec » ? Car il bosse dur, le gouvernement… pour le compte de ceux qui licencient.

Non content d’avoir fait voter des milliards d’économies dans le budget de la Sécurité sociale, voilà que Valls prétend s’inspirer de la nouvelle mascotte du patronat, Jean Tirole. Le tout frais prix Nobel d’économie défend l’idée d’un « contrat unique » en remplacement des CDI et des CDD actuels, qui permettrait aux patrons d’employer des salariés pour une durée indéterminée… pour les licencier quand bon leur semblera.

C’est cette politique anti-ouvrière, réclamée par le Medef à cor et à cri, qu’un autre économiste, comme le rapporte le Journal du dimanche, ose appeler un « big bang social » : une véritable guerre de classe contre les travailleurs.

De Londres à Rome ou à Paris, faisons exploser notre colère

Hollande peut bien se poser en victime de l’Europe quand la Commission européenne lui demande de réduire ses déficits publics. C’est lui, en France, qui mène la guerre aux classes populaires.

Comme le fait le gouvernement italien, qui s’attaque aux dispositions légales qui permettent aux salariés de contester leur licenciement. Ou le gouvernement britannique qui bloque les salaires des fonctionnaires et force près d’un million et demi de travailleurs à vivre l’enfer des « contrats zéro heure », qui les rendent corvéables à merci.

À Londres comme à Rome, des centaines de milliers de travailleurs sont descendus dans la rue ces deux dernières semaines.

Unir nos combats, en France comme au-delà des frontières, c’est la seule voie que nous laissent ces grands amis des riches.

 

Editorial des bulletins d’entreprise du 27 octobre 2014

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