Depuis une semaine, la loi Macron est en débat à l’Assemblée. Il s’agit d’une nouvelle attaque tous azimuts contre le peu de protection dont bénéficient encore les travailleurs. Les professions règlementées (notaires, pharmaciens…) ont été les seules à réagir contre ce projet qui les écorne un peu. Pourtant, les salariés sont les premiers visés. Mais les dirigeants des confédérations syndicales n’ont pas lancé de campagne de mobilisation à la hauteur afin d’engager la nécessaire contre-offensive.
Travailler plus…
L’une des mesures phares de la loi Macron est l’extension du travail du dimanche à 12 dimanches par an au lieu de 5 actuellement et la multiplication des zones commerciales, où les commerces pourraient ouvrir tous les dimanches et les soirs jusque minuit, sans même verser de prime de nuit.
Le travail de nuit et du dimanche seraient au volontariat. Chacun sait ce que cela vaut avec les pressions exercées sur les salariés. Et en banalisant le travail pendant ces périodes, le patronat voudrait supprimer progressivement les gratifications qui leur sont rattachées.
Licencier plus…
Autre objectif de la loi : faciliter les licenciements économiques. Depuis 2013, il suffit d’une simple validation par un représentant du ministère du Travail pour autoriser un plan social. Macron va plus loin. Si le tribunal administratif revient sur la validité du plan de licenciement, il n’y aura plus d’indemnité à la charge de l’employeur, ni de réintégration. En bref, vous êtes virés, le patron n’en n’avait pas le droit, mais on tenait simplement à vous le faire savoir !
À cela s’ajoutent tout une variété de mesures comme l’affaiblissement de l’inspection du travail et la mise sous tutelle des Prud’hommes, trop favorables aux salariés selon le gouvernement. S’ajouteraient encore des privatisations d’aéroports (avec une belle rente à la clé), l’ouverture des lignes nationales de transport en autocar ou encore l’assouplissement du code de l’environnement pour accélérer les grands chantiers contestés…
… en échange de belles promesses
Macron n’a pas hésité à promettre « plusieurs dizaines de milliers d’emplois d’ici à dix-huit mois ». Vieille rengaine mensongère qui veut qu’en s’attaquant au droit du travail, cela permet de créer des emplois. Bilan des mesures précédentes : 250 000 chômeurs de plus depuis 2013.
On l’aura compris : les travailleurs ont toutes les raisons de se mobiliser contre ce projet de loi !
« Sí, se puede » ! (Oui, c’est possible !)
Des dizaines de milliers d’espagnols ont manifesté samedi à Madrid contre les politiques d’austérité, le blocage des salaires, les suppressions de postes dans les services publics et les expulsions de logement qui plongent des milliers de familles dans la misère.
Les leaders politiques du mouvement Podemos (« Nous pouvons »), qui ont appelé à la manifestation, rêvent surtout de tirer de ces manifestations un bénéfice électoral et de suivre le chemin qui a conduit en Grèce Syriza au gouvernement. Pour se retrouver comme Syriza à faire une alliance gouvernementale avec un parti de droite anti-immigré ? Et peut-être demain trahir leurs promesses électorales au nom des prétendues difficultés économiques.
Mais l’essentiel est que la manifestation de ce week-end en Espagne a montré la colère du monde du travail. Comme l’ont montré les multiples manifestations et grèves de ces dernières années en Grèce.
Là est la voie. Le changement est possible, à condition que les travailleurs l’imposent par leurs luttes et s’unissent pour renverser ce système tout entier.
Éditorial des bulletins d’entreprise du 2 février 2015