Après six mois de négociations avec les tenants de l’Union européenne et du FMI, le Premier ministre grec Alexis Tsipras a fini par céder aux exigences des créanciers. Il a commencé à mettre en œuvre un énième plan d’austérité, du même ordre que ceux qui ont saigné la Grèce depuis 2010. Au menu : hausse de la TVA, attaques contre les retraites, privatisations pour une valeur de 50 milliards d’euros, etc. Ainsi qu’une « mise sous tutelle » de la Grèce, sommée de soumettre tous ses projets législatifs aux créanciers.
Pourtant les électeurs grecs ont voté à 61 % « Non » aux mêmes mesures d’austérité à l’occasion du référendum du 5 juillet. Les travailleurs, les 60 % de jeunes au chômage, les retraités qui pour beaucoup peinent à se nourrir et se soigner, ont de quoi être en colère.
Le bal des usuriers
À écouter les politiciens de droite et de gauche en Europe, le scandale serait que les contribuables des pays de l’Union européenne financent les prêts à la Grèce alors que certains sont encore plus pauvres que leurs voisins helléniques. Sauf que leur appauvrissement résulte aussi en grande partie des coupes sur les retraites et les salaires imposées par le FMI et l’Union européenne ! Les ennemis des travailleurs de Slovaquie, des Pays baltes, du Portugal, d’Allemagne ou de France sont bien les mêmes que les ennemis des Grecs.
Malgré ses gesticulations dérisoires pendant les négociations, Hollande, tout autant que Merkel, a cherché à enfoncer la tête des couches populaires grecques sous l’eau pour satisfaire l’appétit des banques, des institutions financières internationales et des États. Les gouvernants d’Allemagne et de France étaient bien main dans la main pour faire capituler Tsipras et faire une démonstration de force.
À quand la révolution ?
Dès le début des négociations, la Banque centrale européenne a coupé les vivres au gouvernement grec. Comment un Tsipras ou un Varoufakis auraient-ils pu négocier avec ceux qui contrôlent ce robinet ? En jouant le jeu truqué des créanciers, en respectant les règles du capitalisme et les droits des possédants, le gouvernement Syriza s’est condamné à trahir ses promesses électorales.
L’austérité n’est pas une fatalité. Seulement, le rapport de force nécessaire pour l’affronter ne s’établira ni dans les parlements ni dans les palais des gouvernants européens.
La seule à pouvoir desserrer le nœud coulant qui étouffe la population grecque est la classe ouvrière. Oui, les travailleurs grecs mobilisés et organisés pourraient prendre le contrôle des banques pour financer les indispensables « mesures d’urgence humanitaire » que promettait Tsipras dans son programme électoral.
Les riches Grecs et les branches des entreprises étrangères sur le sol grec rapatrient leur argent, quand ils ne l’avaient pas déjà fait, dans les coffres des banques françaises, allemandes et luxembourgeoises. Soit ! La population grecque devrait saisir leurs propriétés de la même façon que la bourgeoisie grecque et européenne prend en otage les conditions d’existence des travailleurs depuis cinq ans. Les travailleurs grecs pourraient réquisitionner des entreprises et les faire tourner, cette fois-ci au profit des couches populaires.
Une telle politique supposerait une mobilisation puissante. Ces dernières semaines ont montré sans fard que ce ne sont ni le chemin des négociations ni celui des urnes qui peuvent faire céder la bourgeoisie et ses représentants politiques.
La semaine dernière par la grève et la manifestation, des travailleurs grecs ont protesté contre les nouvelles mesures anti-sociales. Leur lutte est aussi la nôtre. Ce sont toutes les classes populaires d’Europe qui sont visées par la politique des dirigeants européens. Seule la mobilisation des travailleurs, avec la menace d’une contagion révolutionnaire, pourra les effrayer et les faire céder.
Editorial des bulletins d’entreprise du 20 juillet 2015