En arrivant en tête dans six régions, le Front National sort vainqueur du premier tour de scrutin des élections régionales. En se portant sur le Front National, parti ouvertement raciste et xénophobe, le quart des électeurs qui ne se sont pas abstenus ont somme toute suivi le chemin tracé par le gouvernement Hollande-Valls, qui ne se distingue en rien de celui de Sarkozy.
À force de reprendre la démagogie sécuritaire et xénophobe du FN
Des reniements de promesses électorales aux attaques contre le monde du travail, ce gouvernement n’a fait que paver la voie à Marine le Pen. C’est Hollande qui appelle à pavoiser les rues, et c’est Marine le Pen qui pavoise au final.
Le droit de vote des étrangers aussitôt enterré après son élection, les violences contre les Roms, le contrôle au faciès et les attaques contre le code du travail encouragées par Valls toujours soucieux de caresser la police et le patronat dans le sens du poil, voilà de quoi ont été faites les années Hollande.
Dans son projet de révision de la Constitution, Hollande envisage de durcir et de prolonger l’état d’urgence. Il projette notamment de retirer la nationalité française à des personnes nées en France si elles ont une autre nationalité : Le retrait de la nationalité française, emprunté par Hollande au programme du FN, fut un clin d’œil visiblement raté aux électeurs de ce dernier.
Mais la défiance s’est aussi particulièrement exprimée par l’abstention qui approche les 50 %. Une partie de l’électorat populaire a sans doute préféré marquer son opposition à Hollande, comme à la Droite et à l’Extrême droite, en s’abstenant.
L’état d’urgence sociale
D’autres encore étaient dans la rue le 2 décembre, devant le tribunal de grande instance de Bobigny, lors d’un rassemblement en soutien aux cinq salariés d’Air France poursuivis pour avoir déchiré une chemise de DRH, mais surtout pour s’être mobilisés contre la menace de plus de 2 900 licenciements.
Patrons et gouvernement profitent de l’état d’urgence pour museler les travailleurs les plus contestataires en interdisant les manifestations, ou en profitant de la moindre occasion de les contrôler.
Des salariés de la plate-forme de Roissy ont ainsi eu leur casier fracturé. La SNCF ou la RATP menace d’en muter certains en fonction de leurs opinions. Tout ce beau monde pense avoir les coudées franches mais cela peut aussi déclencher un coup de colère et mettre l’urgence sociale au premier plan. Et le chômage est au plus haut depuis 18 ans.
S’attaquer à l’urgence sociale n’est pas dans le pouvoir des Conseils régionaux. Celui-ci est dérisoire par rapport au pouvoir de l’État, et l’un comme l’autre n’ont jamais empêché des fermetures d’entreprises. Par contre, suivant leurs possibilités respectives, ils répondent toujours présents pour fournir des subventions aux éventuels licencieurs.
La seule riposte est dans nos luttes
Néanmoins, plusieurs centaines de milliers d’électeurs se sont prononcés au premier tour pour les listes Lutte Ouvrière, exprimant par là leur accord avec un programme de lutte, pour l’interdiction des licenciements et une augmentation générale des salaires et des retraites, et pour le contrôle des comptes des entreprises. Sans oublier leur opposition à la politique va-t-en-guerre de Hollande, alors que les victimes civiles des bombardements occidentaux ne peuvent que favoriser le recrutement de nouveaux terroristes par les barbares de Daesh.
Ces électeurs constituent une minorité actuellement, mais une minorité qui est consciente que le rapport de forces qui compte pour l’avenir n’est pas celui entre majorité et opposition au Conseil régional mais celui entre le grand patronat et le monde du travail, et que seule la lutte collective des exploités peut l’inverser.
Une minorité susceptible d’entraîner la grande masse des travailleurs à ses côtés lors des prochaines mobilisations du monde du travail.
Éditorial des bulletins d’entreprise du 7 décembre 2015