Nous sommes tous des Goodyear

relaxe_goodyear« État d’urgence économique et social » a donc annoncé Hollande. Résultat : d’un côté, deux ans de prison dont neuf mois fermes pour huit salariés de Goodyear, pour avoir demandé des comptes pendant 30 heures à deux directeurs d’un trust voyou jetant à la rue 800 ouvriers. De l’autre, plusieurs milliards de cadeaux supplémentaires annoncés au patronat, soi-disant pour inciter aux embauches. Tout un programme : aux travailleurs l’intimidation, au Medef le tapis rouge et l’argent des contribuables.

 

Nouveaux cadeaux au patronat…

Pour prétendument lutter contre le chômage, Hollande compte à nouveau subventionner à fonds perdus le patronat censé embaucher dans les prochains mois : 2 000 euros de prime pour les patrons de PME, 4 000 pour ceux des TPE pour toute nouvelle embauche… à bas salaire et sans doute précaire, car le dispositif n’impose pas de CDI mais seulement un CDD de six mois ou plus.

Depuis 2012, 40 milliards d’allègements de charges ont été accordés au patronat, sans que le chômage ait diminué. Et contrairement aux licenciés, les licencieurs ne sont pas près de passer en correctionnelle.
D’autant que Hollande en rajoute en parlant de « simplifier la rupture du contrat de travail », c’est-à-dire de permettre aux patrons de licencier encore plus facilement et rapidement.

Reste l’escroquerie statistique. Hollande a prévu de faire baisser les chiffres du chômage en vue de l’élection présidentielle. 500 000 chômeurs de longue durée se verraient offrir « une formation ».

Qu’importe que les organismes de formation se disent incapables de fournir un tel volume de prestations. Qu’importe également que ces formations n’assurent que très rarement un emploi à la clef. Là n’est pas l’objectif de cette mesure. En revanche, elle ferait passer 500 000 chômeurs de la catégorie A à la catégorie D ou E ; soit en clair 500 000 chômeurs en moins dans les statistiques officielles. Celles-ci passeraient alors de 10,2 % à 8,2 % de chômeurs. Le gouvernement serait content et les chômeurs toujours en galère.

… et manœuvre d’intimidation contre les travailleurs

Goodyear a fait cette année 2,5 milliards de profits et a versé 800 millions d’euros aux actionnaires. De leur côté, 800 salariés de l’usine d’Amiens se retrouvent sur le carreau, douze suicides ont eu lieu depuis la fermeture. D’où vient la violence ?

Les salariés de Goodyear s’étaient contentés de mettre légitimement en garde à vue deux directeurs pendant trente heures. Mais le tribunal correctionnel d’Amiens qui pour ce seul fait a condamné nos huit camarades à la prison, a docilement suivi la réquisition du procureur de la République, représentant l’État dans le procès.

Autrement dit, cette condamnation est une décision politique du gouvernement, une manœuvre d’intimidation à l’encontre de tous les salariés de ce pays. Mais Hollande, à force de jouer au garde du corps du patronat, pourrait faire un bien mauvais calcul.

À nous de mettre les patrons en garde à vue !

À nous, salariés, qui faisons face aux suppressions de postes, aux licenciements, au chômage et aux bas salaires, de ne pas laisser le dernier mot à ce gouvernement complice de la casse sociale.

Face à cette situation, Mickaël Wamen, le leader CGT des ex-Goodyear interviewé sur le plateau de Canal+, a appelé ceux qui l’écoutaient à « arrêter d’exprimer la colère dans les urnes en votant Front national, la colère doit s’exprimer dans les rues. C’est à nous maintenant de reprendre le pouvoir ! »

Et pour commencer, participons aux rassemblements de solidarité avec les condamnés.

 

Éditorial des bulletins entreprise du 18 janvier 2016

 

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