Violences policières, viol en réunion

Théo, 21 ans, a été victime d’un viol lors d’un contrôle policier dans le quartier de la Rose des Vents à Aulnay-sous-bois. Son crime ? Ne pas avoir laissé un policier gifler un gamin. Pas de comparution immédiate pour les policiers concernés. Ils n’ont même pas été suspendus, simplement retirés du service actif. La police des polices (l’IGPN), quant à elle, tente de leur sauver la mise en parlant d’un simple « accident », d’un viol… non intentionnel, comme si une matraque avait pu être enfoncée de dix centimètres involontairement !

Une justice à deux vitesses

Le parquet de Bobigny a requalifié, hier, le « viol en réunion » en « violences avec armes par dépositaires de l’autorité publique » sous le prétexte hallucinant que « le coup n’avait aucune connotation sexuelle, ni volonté d’humiliation », alors qu’il a provoqué une « plaie longitudinale du canal anal, profonde de 10 centimètres, ainsi qu’une section du muscle sphinctérien » !

Au même moment, plusieurs jeunes, suite aux manifestations de protestation en Seine-Saint-Denis sont condamnés en comparution immédiate à de la prison ferme, sans enquête réelle sur les faits incriminés.

De la routine, en fait. Les policiers sont rarement condamnés : les policiers de la BAC poursuivis après la mort en 2005 de Zied et Bouna, électrocutés dans un transformateur à Clichy-sous-Bois, ont été définitivement relaxés en 2015. Depuis juillet dernier et la mort d’Adama Traoré lors d’une interpellation par la gendarmerie dans le Val d’Oise, sa famille fait face à un refus d’organiser une véritable enquête sur les circonstances de sa mort.

Une colère légitime

Les jeunes des quartiers populaires, soumis aux incessants contrôles au faciès, aux comportements violents et vexatoires des cow-boys qui composent lesdites brigades d’intervention, se révoltent et ont décidé de ne pas accepter cette justice du deux poids-deux mesures.

On a vu, dans les reportages télé, leurs mères défiler à Aulnay en s’indignant du harcèlement policier à l’encontre de leurs enfants. Puis les jours derniers, les manifestations ont fait tache d’huile dans différentes villes du pays.

Samedi dernier, plus de 2 000 manifestants, de tous âges, ont protesté devant le Tribunal de Grande Instance à Bobigny. Ils ont fait face à une attitude provocatrice de la police, qui a tout fait pour que cela se termine en affrontement.

Voilà la tactique du gouvernement : côté face, Hollande se rend au chevet de Théo, en toute simplicité (et entouré d’une flopée de photographes), côté pile le gouvernement vient de faire voter une loi permettant à des policiers de faire usage de leurs armes bien au-delà des cas de « légitime défense », le plus souvent déjà invérifiable.

Une bavure ? Non, un système !

C’est uniquement la peur d’une généralisation de la révolte dans les banlieues, comme en 2005, qui pourrait perturber la campagne présidentielle, qui explique la fausse compassion pour Théo de bon nombre de politiciens, qui tiennent à ajouter que « non vraiment, cet incident malheureux ne doit pas discréditer l’ensemble des forces de l’ordre ». Non, ce n’est pas un « incident malheureux ». C’est le quotidien barbare du prétendu maintien de l’ordre dans les quartiers pauvres. D’une routine admise au point qu’un syndicaliste policier n’a pas hésité à déclarer sur un plateau télé que l’insulte « bamboula » dont avait été victime Théo était encore « à peu près convenable ». Un aveu des insultes racistes habituellement utilisées par ses collègues.

Tous ceux qui ont manifesté il y a quelques mois contre la loi Travail, connaissent aussi la réalité des méthodes policières, sur des ordres venus d’en haut : brutalité extrême sur des manifestants, pour la simple raison qu’ils s’opposaient à la politique du gouvernement.

Souhaitons une chose : que lors de la campagne des présidentielles actuelle, le crime policier commis à l’encontre de Théo devienne un sujet majeur d’indignation politique de la population, et que les manifestations grandissent et se généralisent.

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