À notre tour !

Pas vraiment de surprise. Ceux qui ont profité du discrédit de la gauche et de la droite lors de ce premier tour de l’élection présidentielle sont ceux que les sondages avaient prévus. Au deuxième tour de ce cirque électoral, on aura donc droit… à un non-choix : Le Pen ou Macron.

Côté Le Pen, qui voudrait faire croire qu’elle est proche du peuple, son parti bien bourgeois traîne autant de casseroles que les autres. Et rappelons que le FN voulait, l’an dernier, durcir encore la loi Travail, pour « assouplir » davantage le Code du travail pour les petits patrons. Son seul programme est d’attiser la haine contre les populations immigrées et d’origine immigrée, donc de diviser les travailleurs entre eux, et de nous promettre un avenir quadrillé de prisons et de barbelés.

Alors, pour rejeter ces idées-là, bien des électeurs de gauche, bien des travailleurs, se diront peut-être qu’il leur faut au second tour voter, la mort dans l’âme, pour l’ex-banquier Emmanuel Macron.

Mais il n’a pas besoin de nos voix : il a déjà celles de tous les grands partis de gauche et de droite. Et il a le soutien du grand patronat. À quoi bon lui apporter en plus, en votant pour lui, notre caution à la politique d’austérité qu’il entend mener ? Pour notre part nous ne le ferons pas.

Leurs connivences

Quant à faire croire qu’Emmanuel Macron serait un rempart contre Le Pen, de qui se moque-t-on ? C’est la politique au service de la grande bourgeoisie que nous ont fait subir les gouvernements sous Hollande, dont Macron a été conseiller puis ministre, qui est la cause de la montée du FN et de ses idées nauséabondes.

Et si ce rejeton des banques a été soutenu dès le premier tour par toute la clique gouvernementale, de Valls à Le Drian, en passant par El Khomri et Le Foll, s’il a eu le soutien de l’ex-patronne du MEDEF Laurence Parisot, c’est qu’il se promet d’aggraver encore l’austérité et les inégalités, après nous avoir fait déjà passer sa loi dite Macron qui préfigurait cette loi El Khomri, qui a soulevé la colère du printemps dernier.

C’est pour la même raison que la droite, faute d’avoir pu placer son Fillon, se range derrière lui au second tour.

Dans les urnes, hors les urnes

Les scores électoraux des deux candidats de l’extrême gauche, Philippe Poutou et Nathalie Arthaud, ont été minimes : 1,1 % et 0,7 % (plus de 600 000 voix quand même). Mais le score dans les urnes est loin de refléter l’écho réel qu’ont recueilli les candidats révolutionnaires. Il fallait entendre les encouragements dans les entreprises, sur les marchés, à la sortie des bus et métros, au lendemain du débat où Philippe Poutou a envoyé dans les cordes Fillon et Le Pen. Bien sûr, les mêmes qui disent que nous avons raison ont souvent préféré « voter utile ». Un vote toujours illusoire : même en cas de succès électoral, on ne change jamais « le système » en se contentant de porter à sa tête un beau parleur qui s’empressera d’y renier ses promesses. De Mitterrand à Hollande, ou Tsipras en Grèce, c’est toujours la même histoire.

Une réalité sociale loin du théâtre d’ombres électoral

On vient de le voir en Guyane : ce n’est pas un an de show électoral qui a permis à la population guyanaise d’arracher trois milliards à l’État pour des budgets sociaux et éducatifs indispensables, mais une grève générale. Il en sera de même ici.

Macron nous prépare déjà ses nouvelles attaques : la suppression annoncée de 120 000 postes de fonctionnaires, la « libération du travail » comme il dit, c’est-à-dire toujours plus de flexibilité, les « accords » de baisse des salaires, une nouvelle offensive contre les retraites, la suppression pour les patrons des contraintes (déjà peu protectrices pour les travailleurs) du code du travail, etc.

À nous de préparer dès aujourd’hui notre riposte, notre tour à nous, celui des luttes sociales.

Le camp des travailleurs pèse peu dans le jeu truqué des urnes, où l’on ne nous demande que de choisir entre deux maux. Mais la combativité et la solidarité ouvrières peuvent quant à elles changer le rapport des forces.
 

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