Interpellé sur l’affaire Harvey Weinstein le 15 octobre sur TF1, Macron a versé une larme de circonstance sur les violences subies par les femmes au quotidien. Dans un élan de courage politique, il s’apprête… à retirer à Weinstein sa légion d’honneur. Tremblez violeurs de par le monde ! Sûr qu’avec des protecteurs comme Macron, les violences faites aux femmes ne risquent pas de s’arrêter.
Des violences sexistes dans toutes les couches sociales
Mis au pied du mur, Macron a promis une loi sur le harcèlement sexuel pour 2018. Au passage, il en a profité pour faire passer la pilule de la création d’une « police de la sécurité du quotidien », pourtant dans les cartons depuis longtemps. Mais qui peut croire qu’il sera mis un coup d’arrêt au harcèlement de rue grâce à plus de policiers dans le métro ? Quand bien même il serait possible de saisir « l’outrage sexiste » en flagrant délit – peu de chances –, que fera cette police qui, aujourd’hui, refuse si souvent de prendre les plaintes de victimes de viols ?
Comme par hasard, pour Macron, c’est dans « les quartiers les plus difficiles », que se passerait l’essentiel du harcèlement. C’est faux ! S’il y en a là comme partout, le multimillionnaire Harvey Weinstein ne sévit pas, qu’on sache, dans les ghettos pauvres de Los Angeles ! L’actualité récente et toutes les études montrent en réalité que harcèlement et violences sexuelles ont lieu dans tous les milieux. C’est instrumentaliser ce malaise quotidien des femmes que de l’utiliser comme prétexte à des fins sécuritaires et racistes pour renforcer les contrôles au faciès et les interpellations.
Le monde macho du travail
Macron s’est gardé de pointer du doigt le fait que 25 % des agressions sexuelles ont aujourd’hui lieu au travail : une femme sur cinq est victime de harcèlement au cours de sa vie professionnelle. Là aussi, suite à l’affaire Weinstein et le fil twitter #MeToo (« Moi aussi »), la parole s’est libérée, en tout cas sur les réseaux sociaux. Jusqu’en France, avec #BalanceTonPorc. Un remarquable retour à l’envoyeur, balancé comme un direct du droit, où des femmes racontent les violences et le harcèlement sexuels au travail, commis en général par un chef ou un patron. Et c’est au quotidien qu’elles ont à se défendre des mots obscènes, des mains aux fesses, des agressions… et ce face à la hiérarchie, à la menace de représailles ou de la perte de leur emploi.
Quelle hypocrisie de la part du gouvernement, qui part soi-disant en guerre contre le harcèlement sexuel alors même qu’il vient de supprimer une des faibles possibilités légales pour combattre, entre autres, le harcèlement : le CHSCT. Derrière la façade féministe, les gouvernements successifs ont une grande part de responsabilité dans le fait que les femmes sont payées en moyenne 24 % moins que les hommes, que le droit à l’avortement est remis en question par la fermeture des centres IVG, que moins de 2 % des affaires de viols aboutissent à une condamnation, et l’on en passe.
En France, au xxie siècle, 84 000 femmes sont violées chaque année et les violences sexuelles font partie de leur vie quotidienne. La société capitaliste s’appuie sur cet assujettissement des femmes, l’utilise pour diviser les opprimés, les travailleurs et donc, en fin de compte, l’organise, avec l’appui des religions quelles qu’elles soient qui ont toujours rendu les femmes responsables du péché… et aujourd’hui coupables de la sexualité des hommes.
Les femmes ne sont ni un gibier pour libidineux, ni un trophée qu’on ramasse quand on a le pouvoir. L’heure est à se défendre collectivement contre ces hommes en position de profiter du pouvoir conféré par une société d’exploitation, et à se battre, en tant que travailleurs, femmes et hommes, contre tous les comportements sexistes et contre ce système qui carbure à notre asservissement. Un combat de tout le monde du travail !