Macron, avec sa morgue coutumière, a exhorté vendredi dernier les salariés à retrouver le « sens de l’effort » et « l’engagement au travail ». C’est bien connu : les femmes de ménage, aides-soignantes, ouvriers et tous ceux qui se mobilisent depuis deux mois car ils n’en peuvent plus de travailler pour des salaires minables se tournent les pouces, peinards. Samedi, les « fainéants » en gilets jaunes ont répondu à Macron de la meilleure des manières en manifestant en nombre partout sur le territoire.
Le jaune se porte bien
En haut, ils commencent à avoir des sueurs froides : ils ont beau se creuser la tête pour trouver des nouvelles manières de casser le mouvement, rien n’y fait. La mobilisation reprend du poil de la bête et est toujours soutenue par la majorité de la population. Le pari du gouvernement de faire peur par l’annonce d’un arsenal de mesures répressives – alors même que les violences policières se multiplient – a fait pschitt : samedi dernier, à Lille, Marseille, Bordeaux et dans bien d’autres villes, ce furent les plus grosses manifestations depuis le début du mouvement. Partout, on y a retrouvé la colère et la détermination des Gilets jaunes qui veulent en finir avec la galère de ceux qui travaillent dur et ne s’en sortent pas, en finir avec le mépris pour ceux qui font tout et ne sont jamais écoutés.
Le grand blabla national
Passant allégrement du bâton à la carotte, Macron a écrit une longue lettre pour donner le coup d’envoi du « grand débat national ». Le gouvernement aurait-il subitement pris la bonne résolution d’écouter la colère qui s’exprime ?
Il suffit à peine de gratter pour sentir venir l’enfumage. Macron annonce dans sa lettre qu’il restera fidèle à son programme et ne reviendra pas sur les mesures déjà prises depuis le début de son quinquennat. Et Griveaux, porte-parole du gouvernement, a déclaré qu’il était hors de question de rétablir l’ISF. Bref, ce débat ressemble plutôt à un match de foot où l’arbitre appartient à une des deux équipes et où le score final est connu d’avance !
Pour faire diversion, Macron a ajouté parmi les sujets « autorisés », les « quotas d’immigration ». Après avoir calomnié les Gilets jaunes, voilà que Macron tend la main à l’extrême droite, alors même que bien des Gilets jaunes ont fait preuve de solidarité avec les migrants et que le sujet est devenu totalement marginal dans les revendications.
En fait, le gouvernement cherche à gagner du temps en pariant sur un essoufflement de la lutte. Mais les Gilets jaunes viennent de montrer qu’ils ne l’entendent pas de cette oreille.
Il veut nous la faire à l’envers
Pire, Macron fait un véritable chantage aux économies : toute baisse d’impôt devra être financée par des coupes dans les services publics. Tandis que les Gilets jaunes manifestent contre la détérioration de l’ensemble de nos conditions de vie, Macron propose de débattre pour savoir s’il faut plutôt sacrifier l’accès à l’éducation ou à la santé !
Mais l’argent est loin de manquer, encore faut-il vouloir regarder au bon endroit : en 2018, les entreprises du CAC40 ont offert à leurs actionnaires la somme de 57 milliards d’euros, un montant record de dividendes depuis 10 ans.
Bienvenue à la fièvre jaune
Les Gilets jaunes continuent à exprimer la colère ressentie par l’ensemble du monde du travail concernant les difficultés de finir les fins de mois et l’aggravation des conditions de travail. Dans beaucoup d’entreprises vont s’ouvrir les négociations annuelles obligatoires sur les salaires. Partout, les salaires sont bloqués alors que les actionnaires se gavent. C’est tous ensemble, contre le gouvernement et le patronat, que nous avons la force de renverser la vapeur. Les Gilets jaunes montrent la voie à suivre. Cette lutte, nous avons tout intérêt à la rejoindre, dans la rue et dans nos entreprises, à commencer par les manifestations de samedi prochain !