Des milliers de manifestants ont à nouveau battu le pavé samedi dernier, sous haute surveillance policière… et militaire. Après l’incendie du Fouquet’s la semaine précédente, on avait l’impression, à entendre Macron et son gouvernement, que le pire était arrivé. Que des maternités ferment, mettant en danger la vie des femmes et de leurs enfants à naître, que trois millions de personnes se privent de tout, même de produits d’hygiène de base, selon un sondage de l’Ifop pour l’association Dons Solidaires, que des millions de familles voient leur compte en banque vide le 10 du mois, ce sont les « dommages collatéraux » du capitalisme. Mais brûler le Fouquet’s, quand même ! Avec un brunch à 95 euros, où aller déjeuner désormais ?
Comme le disait une manifestante Gilet jaune sur LCI : « Arrêtez d’inverser systématiquement la situation. C’est révoltant, ce pays ! Vous êtes en train de passer en boucle des vitrines cassées. Qu’est-ce qu’on en a à faire que le Fouquet’s ait cramé ! » En haut, les gouvernements et le patronat font cramer l’hôpital, l’enseignement public, les transports, les retraites et les emplois.
Au secours, Clémenceau !
Paris dans les flammes ? Du point de vue du gouvernement, il ne fallait pas en rester là. Il fallait réagir, revenir du ski dare-dare, et menacer, comme toujours, les manifestants… et l’ensemble de la population. En passant à la vitesse supérieure. Pour les Gilets jaunes, recours aux militaires et à l’opération Sentinelle.
Les commentaires n’ont pas manqué sur ce que cette annonce révèle de l’état d’esprit de ce gouvernement : les manifestants considérés comme des ennemis intérieurs, voire comme des terroristes.
À Paris, le préfet de Police a sauté, remplacé par le préfet de Bordeaux, qui s’est illustré par la violence avec laquelle les manifestations ont été réprimées dans sa ville, et que certains de ses collègues qualifient de « fou furieux ». Et c’est à lui que Castaner conseille de prendre modèle sur Clemenceau, « dont la main n’a jamais tremblé ». Une référence qui prend tout son sens, quand on sait que Clemenceau, en tant que ministre de l’Intérieur, puis Premier ministre, a fait tirer sur des grévistes à plusieurs reprises dans les années 1906-1908.
Quant à Macron, suite aux graves blessures d’une septuagénaire lors d’une charge policière à Nice contre un rassemblement de Gilets jaunes, il a l’indécence de l’appeler à « une forme de sagesse ».
D’où vient la violence ?
Ce sont en fait l’ensemble des travailleurs et des classes populaires qui sont la cible de ces menaces, et pas seulement les Gilets jaunes révoltés par le mépris du gouvernement et son refus de répondre à leurs revendications.
Les récentes déclarations d’Agnès Buzyn, ministre de la Santé, illustrent ce climat d’insécurité… sociale. Elle évoque la possibilité d’allonger encore la durée du travail pour avoir droit à une retraite. Alors que l’espérance de vie en bonne santé est inférieure à 65 ans, tout particulièrement pour les ouvriers. Et que de nombreux salariés sont privés d’emploi.
Les annonces de suppressions d’emplois ont repris de plus belle ces derniers temps. Plus de 20 000 suppressions de postes sont annoncées dans l’automobile en Europe, et de nombreux sous traitants sont menacés. Après Conforama, c’est Castorama qui annonce des fermetures de magasins. General Electric supprime 800 emplois à Belfort… la liste des entreprises concernées est longue.
Notre force, c’est le nombre
Alors, face à cette guerre sociale que patronat et gouvernement nous déclarent, soyons unis nous aussi. Salariés du public et du privé, embauchés ou précaires, Gilets jaunes et sympathisants, il faut continuer à occuper la rue et donner une nouvelle ampleur au mouvement. La bourgeoisie et ses serviteurs nous craignent, car tous ensemble, nous pouvons bloquer le pays.