« A la Pitié-Salpétrière, on
a attaqué un hôpital » a déclaré Christophe Castaner, le ministre de
l’Intérieur, après que le 1er mai des manifestants ont cherché
refuge dans l’enceinte de cet hôpital pour fuir les charges de la police et les
nuages de lacrymogène qui noyaient les rues environnantes.
Castagneurs de manifestants
Malgré la stupidité d’un tel mensonge, démenti par tous les témoignages dès les heures suivant la déclaration ministérielle, le gouvernement s’acharne à dénoncer une « intrusion violente ». Une thèse qui vise à monter la population contre les manifestants, alors que les « vidéos édifiantes » évoquées comme preuve par Martin Hirsch, le patron des hôpitaux de Paris, montrent des manifestants désarmés, poursuivis à moto et frappés de la rue jusqu’aux pieds des bâtiments de l’hôpital.
La casse de l’hôpital
Quant au « sanctuaire » que représenterait l’hôpital public pour Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, il faut remarquer qu’il est sérieusement malmené par elle. Les fermetures d’hôpitaux ou de services se multiplient depuis des années en raison des politiques d’austérité, en dégradant constamment la qualité des soins dispensés. Au point qu’une patiente a pu mourir au mois de décembre dernier dans le service d’urgences de l’hôpital de Lariboisière en raison du sous-effectif chronique.
Le personnel des urgences dénonce justement cette situation et a initié une grève depuis le milieu du mois d’avril dans de nombreux hôpitaux de la France entière, une réalité que la ministre choisit d’ignorer… jusqu’à faire retirer les banderoles des grévistes de la Pitié-Salpétrière lors de son intervention devant les caméras pour dénoncer des attaques imaginaires !
Et dès samedi dernier, ce sont les Gilets Jaunes, les prétendus « casseurs », qui ont pris l’initiative d’une manifestation faisant le tour des hôpitaux parisiens en scandant « Du fric pour l’hôpital public », chaleureusement accueillis par le personnel massé aux fenêtres, alors que les entrées étaient barricadées par les directeurs apeurés.
Attaques gouvernementales
Car les manifestations se poursuivent. Le gouvernement se console chaque samedi en mettant en avant une mobilisation en baisse. Un phénomène inévitable au bout de six mois de mobilisation constante… et de répression croissante. Mais malgré des milliers de condamnés, de blessés, et des dizaines de mutilés, le mouvement des Gilets jaunes non seulement se maintient, s’organise, mais il occupe désormais une place centrale dans le pays, créant une brèche dans laquelle pourraient s’engouffrer tous ceux qui veulent combattre la politique patronale de Macron.
La prime « Gilet Jaune » versée dans l’urgence au mois de décembre, comme la récente promesse de réduction de l’impôt sur le revenu, sont autant de preuves de la force de cette mobilisation qui bouscule nos gouvernants. Et la manifestation du 1er mai dernier a été la plus importante en nombre depuis des années et, de loin, la plus dynamique.
Mais ces concessions n’empêchent pas Macron de poursuivre sa politique au service des plus riches. Ses annonces censées clôturer le « grand débat » montrent clairement qu’il entend « garder le cap » (augmentation de la durée de cotisation retraite, baisse de l’impôt sur les bénéfices des sociétés et des dépenses publiques…), le tout assaisonné de déclarations inspirées des thèmes nauséabonds de l’extrême-droite sur l’immigration et l’islam.
La plupart des Gilets jaunes ne se trompent pas sur ces fausses promesses et ces vraies menaces. Nous avons toutes les raisons de ne pas en être dupes non plus.