La semaine dernière, le Premier ministre Édouard Philippe a présenté « l’acte II » de la présidence Macron. Le gouvernement compte continuer ses réformes au service des plus riches. Il compte les imposer sans faire de remous, une fois les élections européennes passées, tout en misant sur le fait que les dernières manifestations de Gilets jaunes rassemblent moins de monde. Mais les cendres sont encore chaudes. Et voilà que s’étend la grève des urgences, ce miroir grossissant de l’ensemble de la situation sociale.
L’hôpital en état d’urgence
Alors que le nombre de patients accueillis aux urgences a doublé en 25 ans, sans que les effectifs suivent, les soignants doivent entasser les malades dans les couloirs après les avoir fait patienter des heures. Des conditions inhumaines et intenables, qui entraînent parfois le décès de patients et poussent les soignants à l’épuisement… et à la révolte.
Ils réclament une augmentation de salaire de 300 euros, des embauches et des moyens supplémentaires. Tout le monde du travail peut se reconnaître dans cette lutte qui touche maintenant plus de 110 services d’urgences.
La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a fait miroiter aux urgentistes, jeudi dernier, une enveloppe de 70 millions d’euros. En fait un cadeau très gonflé, d’une part parce que l’annonce de la « prime Buzyn » de 100 euros (très circonscrite) est loin de leurs revendications salariales. D’autre part parce qu’il faut retirer des 70 millions annoncés les 15 millions d’euros destinés à la période estivale, ni plus ni moins que ce qui est prévu habituellement en remplacement des congés d’été.
Play or not play Bac
Les salariés de Radio France sont appelés à la grève mardi 18 juin, contre un plan de réduction d’effectifs à coups de prétendus « départs volontaires », une « réorganisation du temps de travail » et la suppression de jours de congés.
Du côté des enseignants, cela fait des mois qu’ils protestent contre les réformes de l’Éducation nationale : suppression de plus de 2 000 postes dans les collèges et lycées, baisse des moyens, voie professionnelle sacrifiée, recours à des contrats précaires, flicage des enseignants… Pour se faire entendre, de nombreux enseignants se sont mis en grève ce lundi lors des surveillances du bac, et se sont rassemblés devant les lycées et les rectorats.
Second acte d’hostilité
Dans son acte II, le gouvernement prépare une nouvelle réforme des retraites. Pas touche à « l’âge légal », a dit Édouard Philippe, mais « un âge d’équilibre » au-delà de 62 ans, pour inciter à travailler plus longtemps, faute de quoi pas question de toucher sa retraite à taux plein.
Ensuite, cap sur la réforme de la Fonction publique, qui prolonge la promesse de Macron de supprimer 120 000 postes de fonctionnaires. Quant à la réforme de l’assurance chômage, elle va permettre de réduire les aides d’une partie des allocataires (les plus aisés pour amorcer la suite) tout en allongeant la durée d’activité ouvrant droit à l’indemnisation.
Le droit à l’avortement en rideau
L’application du droit à l’Interruption Volontaire de Grossesse (IVG) est de plus en plus difficile. Les fermetures de maternités et de 130 centres du Planning familial en 10 ans ne font qu’empirer la situation. L’allongement du délai légal de 12 à 14 semaines, voté par le Sénat au début du mois, était peu de chose, mais aurait permis de limiter les drames des grossesses non désirées. Chaque année entre 3 000 et 5 000 femmes vont dans les pays voisins pour avorter après 12 semaines, mais seulement celles qui en ont les moyens.
Mais il n’aura pas fallu 5 jours pour que la ministre de la Santé fasse revoter, et annuler ce texte, par des députés réactionnaires juste capables de faire avorter les avancées des droits des femmes.
Acte I ou II, le gouvernement garde le cap et se montre comme celui des riches et du grand patronat. Tout ce qu’on peut souhaiter à ce second acte, c’est qu’il soulève les colères et sonne la fin de la pièce.