Contre les ordonnances et toutes les attaques : Trois tours de chauffe… Et maintenant ?
Jeudi dernier, à l’appel de la CGT, de la FSU et de Solidaires, entre 132 000 (selon la police) et 223 000 manifestants ont défilé dans le pays contre les ordonnances signées vendredi par Macron. C’est moins que le 12 septembre à l’appel des mêmes organisations. Mais, samedi, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont à nouveau défilé dans Paris, profitant de l’appel de Mélenchon pour prolonger les deux autres journées.
Gouvernement et patronat prétendent qu’il faut supprimer les obstacles aux licenciements pour, disent-ils, mieux embaucher : ils se fichent ouvertement de nous ! Les patrons licenciaient déjà à tour de bras, ce sera désormais encore plus simple et, même s’ils sont en tort, cela ne leur coûtera plus grand-chose avec le plafonnement des indemnités prud’homales. Ils pourront « consulter » les salariés pour leur faire accepter de travailler davantage, de gagner moins. Le refus individuel de voir son contrat de travail modifié sera un motif de licenciement. Pourquoi voudriez-vous que les patrons ne se frottent pas les mains ?
Il n’y a pas que les ordonnances. Le gouvernement a déjà décidé de licencier 150 000 travailleurs précaires parmi les contrats dits aidés. Personne dans les classes populaires n’est épargné. La baisse des APL de 5 euros par mois pour tous pourrait grimper jusqu’à 50 ou 60 euros par mois, peut-être même 70, dans le parc HLM.
Macron veut saucissonner les luttes
Macron a tenu à affirmer qu’il maintiendrait son cap pro-patronal en annonçant, entre autres, une remise en cause des régimes de retraite des fonctionnaires et des cheminots. On ne doute pas qu’il a l’intention d’essayer. Mais, au-delà des postures va-t-en-guerre contre le monde du travail, il faut bien comprendre qu’il craint la convergence de nos luttes. En annonçant aux fonctionnaires et aux cheminots qu’il les attaquera dans quelques mois, il espère surtout qu’ils vont déserter les luttes d’aujourd’hui pour se préparer à lutter plus tard.
C’est évidemment un piège : nous perdrions à coup sûr s’il réussissait à saucissonner nos luttes. Alors qu’à l’inverse, si nous faisons reculer le gouvernement maintenant, il remballera le reste. C’est possible : Juppé en 1995, bien que « droit dans ses bottes », avait cédé sur les retraites face à la colère des cheminots ; Villepin, en 2006, avait annulé sa loi sur le CPE, pourtant promulguée, face aux réactions de la rue, en particulier des jeunes.
Construire une riposte générale
Les différentes confédérations syndicales ont des objectifs propres et se présentent en ordre dispersé. Mélenchon, lui, a des visées politiques personnelles évidentes. Aucun plan de mobilisation n’apparaît clairement.
Mais les manifestations des 12, 21 et 23 septembre, chacune dans son genre, ont tout de même contribué à une mobilisation qui peut encore aller vers un mouvement d’ensemble. À condition de nous en mêler nous-mêmes. En commençant par nous servir des appels existants.
Lundi 25, ce sont les routiers, le 10 octobre, les fonctionnaires à l’appel cette fois de tous leurs syndicats – on se demande d’ailleurs pourquoi un appel séparé, les fonctionnaires connaissant des problèmes semblables à ceux de tous les salariés.
Tous ces appels, quelle qu’en soit la forme, peuvent être un point d’appui pour construire un mouvement d’ensemble qui aille vers de vraies grèves se rejoignant pour devenir massives et toucher les patrons au porte-monnaie.
À nous d’imposer un rythme plus soutenu de mobilisation en participant à tout ce qui est prévu dans les prochains jours. En particulier, il faudrait faire du 10 octobre une nouvelle journée interprofessionnelle et pas seulement une journée de grève des fonctionnaires.