« Escalader l’Élysée pour une régularisation généralisée ? »

L’exploit du jeune Mamoudou Gassama, qui a escaladé quatre étages d’une façade pour sauver un enfant, a fait le buzz. Macron l’a reçu, félicité et lui a promis une naturalisation. Tant mieux si cette promesse est tenue. Mais comme l’a dit un humoriste, on ne peut pas demander à chaque sans papiers d’obtenir un « CAP Fort Boyard » pour sa régularisation. Certains travaillent depuis plus de 10 ans dans la restauration, le bâtiment, le nettoyage… Ils ont été bien plus utiles à la société que tous ces riches que le gouvernement bichonne. Faudra-t-il, comme le disaient le 2 juin des manifestants contre la loi Asile et Immigration, « escalader l’Élysée pour une régularisation généralisée » ?

Une escalade de mensonges

En fait, Macron utilise Mamoudou Gassama pour se donner une image d’humanité, alors même que Gérard Collomb, son ministre de l’Intérieur, fait voter au Parlement une loi Asile et Immigration qui en est totalement dépourvue : elle double le temps de rétention administrative, généralise la possibilité de placer des enfants dans les centres de rétention, divise par deux le temps pour faire appel d’un refus de droit d’asile, codifie le délit de solidarité pour ceux qui aident les migrants…

Et Collomb, sans être jamais désavoué par Macron, multiplie les provocations verbales pour justifier sa politique répressive. Reprenant un mensonge cher au Front national, il déclare que « certaines régions sont submergées par le flux de demandeurs d’asile », alors que la France est l’un des pays d’Europe qui en accueille le moins. Puis il accuse les migrants de faire du « benchmarking », c’est-à-dire de choisir leur pays de destination en fonction de la législation de ce pays, et en déduit bien sûr qu’il faut durcir les lois contre les migrants.

Démantèlements policiers et centres de tri

Le quotidien de bien des migrants, c’est souvent la rue ou des camps de fortune faute de lieu d’hébergement… et les évacuations musclées (35 en 3 ans sur Paris). Ainsi, le 30 mai, 550 policiers ont évacué le camp de la porte de la Villette à Paris où se trouvaient un millier de migrants, pour la plupart Soudanais, Somaliens ou Érythréens, donc théoriquement éligibles au droit d’asile puisque leur pays est en guerre.

Ce lundi, la police a évacué de la même façon les migrants installés le long du canal Saint-Martin et Porte de la Chapelle à Paris. Ils vont être hébergés pendant quelques jours mais surtout vont être triés entre ceux qui peuvent demander l’asile en France (sans pour autant être sûrs d’être logés pendant les longs mois d’examen de leur demande) et les « dublinés », c’est-à-dire ceux qui ont été enregistrés dans un autre pays européen et ont vocation, selon les accords de Dublin, à être renvoyés vers ce pays. En 2017, 982 migrants ont ainsi été renvoyés vers l’Italie et 869 vers l’Allemagne, pays qui accueillent pourtant bien plus de migrants que la France.

Une démagogie meurtrière

De Hollande à Wauquiez en passant par Macron, on nous explique que la France doit choisir entre loger ses SDF ou héberger les migrants, entre s’occuper de « ses » pauvres ou accueillir les migrants, cette pauvreté qu’ils alimentent en réduisant les APL, en facilitant les licenciements et en supprimant des emplois dans les services publics. Ces gens-là font mine de s’apitoyer sur le sort des SDF pour justifier leur politique xénophobe.

Avec 121 200 demandes d’asile en 2017 (et moins de 36 000 acceptées), la France n’est pas menacée de « submersion ». La France a accordé 262 000 titres de séjour en 2017, une goutte d’eau pour un pays de 67 millions d’habitants.

La centaine de migrants qui se sont noyés ce week-end en tentant de rejoindre l’Italie à bord d’une embarcation de fortune, vient encore nous rappeler les conséquences meurtrières de la démagogie anti-immigrés et de la fermeture de nos frontières.

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