Nous sommes encore sous le coup des massacres de la semaine passée, à Charlie Hebdo et dans la supérette kascher, ou des attaques racistes perpétrées à leur suite contre des mosquées. Ce à quoi se sont rajoutées, ce week-end, les manifestations plus ou moins massives et violentes qui ont ciblé des représentations diplomatiques françaises au Niger, en Algérie ou au Pakistan. Mais ni l’Algérie, ni la Turquie, ni le Niger ne se résument aux quelques milliers de fanatiques qui ont défilé.
Que faire pour stopper cette spirale infernale ? Les arguments ont tourné en boucle, ce qui n’a rien d’étonnant. Car les premiers visés, les premiers piégés, ce sont les travailleurs et les jeunes que tous les terroristes de la planète veulent embarquer dans leurs galères et derrière leurs bannières. Qu’il s’agisse de ceux qui gouvernent les grands États industriels surarmés, dont la France, ou de ces nombreuses cliques djihadistes qui leur disputent une part du gâteau, d’uranium ou de pétrole.
Méfions-nous de nos sauveurs
A commencer par Hollande qui ce lundi a eu le culot d’appeler les « partenaires » sociaux à « l’unité nationale », pour nous faire avaler les lois Macron.
Oui, méfions-nous des Hollande, Valls, Sarkozy et de tous ceux qui nous ont joué le grand air de l’union sacrée et ont utilisé l’immense émotion soulevée par les attentats pour, la semaine dernière, mettre en tête de cortèges les représentants des plus grands dictateurs et fauteurs de plans d’austérité et de guerres de la planète !
Grandes phrases, mais les seules mesures prises depuis sont purement répressives : davantage de moyens pour la police et d’atteintes à la liberté d’expression. En attendant d’autres interventions musclées en Afrique, en Libye ou en Irak.
Tout cela étant prétexte à ne rien débourser pour améliorer le sort des banlieues, pour augmenter les salaires ou obliger les patrons à embaucher.
Le gouvernement s’inquiète qu’il y ait dans les quartiers défavorisés une minorité de jeunes qui ne « comprennent » pas les valeurs de la République. Mais dès leur plus jeune âge, ces jeunes sont victimes de l’inégalité, de l’injustice et du rejet. Quand ils ne sont pas marginalisés par l’échec scolaire, ils sont rejetés quand ils cherchent un emploi ou un logement. Et ce n’est pas en construisant des prisons, en renforçant l’armée et la police, qu’ils auront plus de perspectives.
Combattre les terroristes… et la politique des grandes puissances qui les enfante
« Il faut bombarder l’Irak et la Syrie pour éradiquer le terrorisme », nous dit-on. C’était le même discours pour l’Afghanistan. Mais treize ans de guerre n’ont pas fait disparaître les Talibans. En Irak, c’est même la guerre menée contre le « terroriste » Saddam Hussein qui a fait naître et prospérer les bandes djihadistes.
Ceux qui ont payé le plus lourd tribut à l’éveil, puis à la domination en particulier en Iran, de ces courants fondamentalistes politiques, ce sont les travailleurs et les femmes, plus durement exploités, bâillonnés, opprimés. Ces dernières années, les islamistes ont contribué, aux côtés des grandes puissances impérialistes, à détourner les révolutions arabes des années 2011-2012. C’est Daesh en Irak, après Ben Laden…
Le fait que les grands de ce monde fassent mine de s’opposer à ces cliques qu’ils ont nourries, ne doit pas nous faire oublier qu’ils représentent un même camp de mise en coupe réglée et d’embrigadement des peuples et des travailleurs de la planète.
L’exclusion, le communautarisme et la barbarie naissent d’un ordre social injuste qui se nourrit des inégalités et de l’exploitation et livre au chômage et à la misère une grande partie de la population.
Prenons garde que la montée d’un climat raciste ne nous détourne de nos vrais ennemis.