À peine
les bureaux de vote bouclés, gouvernement et patronat n’ont pas attendu 48
heures pour multiplier les annonces de suppressions d’emplois. Bruno Le maire, chargé
du service après-vente, s’est rendu hier à Belfort sur le site de General
Electric qui veut supprimer 1044 postes. Accueilli sous les huées et les
sifflets par 900 personnes, dont des gilets jaunes, le ministre de l’économie a
tenté de rassurer les salariés en leur montrant que le gouvernement était de leur
côté. Peine perdue.
Le ministre de la parole…
1 044 suppressions de postes : une saignée qui, en dépit des dénégations de la direction, pourrait bien être le prélude à la fermeture du site. Le Maire a demandé à GE de « revoir sa copie » et d’« améliorer » son plan social. Encore des mots creux, assortis d’aucune contrainte.
En 2014, le rachat de la branche énergie d’Alstom avait été validé par le ministre de l’économie d’alors, un certain Emmanuel Macron. General Electric s’était engagé à créer 1 000 emplois d’ici la fin 2018. Depuis, Hugh Bailey, conseiller de Macron à Bercy au moment de la cession d’Alstom à General Electric, est devenu directeur de General Electric France ! Et les promesses de création d’emplois se sont envolées.
…et de la désindustrialisation
Mardi dernier, c’était le repreneur de l’usine Whirpool d’Amiens, où Macron était venu parader avant les élections présidentielles, qui annonçait le redressement judiciaire de l’entreprise, faute d’activité. Quant aux salariés des entreprises déjà menacées de fermetures pure et simple comme Ascoval, Arjowiggins ou les Fonderies du Poitou, on les promène depuis des mois avec d’interminables négociations en vue de trouver un repreneur qui, le plus souvent, s’avère être un simple sous-traitant en plan social des grands groupes.
Macron 2, le retour
Du côté du gouvernement, pour lequel la pause des Européennes n’était qu’une mi-temps, on serait parti pour un « acte II ». Ça commence par de violentes attaques contre les fonctionnaires et les salariés du secteur public : en route pour le plan de suppression de plus de 125 000 postes de fonctionnaires. Dans les hôpitaux, les centres postaux, les écoles ou à la SNCF, managers et cost-killers mènent l’offensive à coups de réorganisations constantes et d’augmentations continues de la charge de travail. Des méthodes déjà subies dans les années 2000 par les salariés d’Orange, dont les dirigeants comparaissent actuellement devant les tribunaux pour avoir provoqué une multiplication d’arrêts-maladies, de dépressions, de burnouts et des dizaines de suicides.
Au programme aussi, la mise en route de la réforme des retraites qui, par son système « à points », obligera à reculer encore l’âge de départ et amputera le montant des pensions.
Cerise sur le gâteau, le prix de l’électricité vient d’augmenter de 5,9 % au 1er juin. Face au mouvement des Gilets jaunes, le gouvernement avait gelé cette hausse prévue en janvier. Et une nouvelle hausse de 1 à 2 % est prévue en août afin de permettre aux compagnies de récupérer les 6 mois de retard. De quoi réveiller tous les Gilets jaunes sur les ronds-points des départs en vacances !
En route vers les luttes
Pour les mesures promises au patronat, Macron voulait déjà partir sur les chapeaux de roues dès le début de son mandat. Son élan a été perturbé par l’irruption de la colère des Gilets jaunes.
Depuis quelques semaines, des grèves se développent dans les urgences hospitalières face au manque d’effectif, ou dans plusieurs bureaux de poste contre les restructurations. Les cheminots manifestent aujourd’hui à Paris. L’usine Ferrero de Villers-Ecalles, en Seine-Maritime, premier site de fabrication au monde de Nutella, est bloquée par des salariés en grève pour des augmentations de salaire… Voilà peut-être le départ de ce qui pourrait mettre en échec l’acte II du président des patrons