Les salariés de l’atelier de découpe des pièces de tôlerie de l’usine Renault de Flins sont en grève pour protester contre l’utilisation de produits cancérigènes.Un mouvement qui menace l’approvisionnement en pièces détachées de tout le réseau Renault.
Ils ne sont que cinq, mais à eux seuls, ils pourraient menacer l’approvisionnement en pièces détachées de tout le réseau Renault.
Depuis le 13 mars, les cinq ouvriers découpeurs de l’atelier plasma de Renault-Flins sont en grève. Cette équipe restreinte — et unique en France — a un rôle capital : elle a la charge de découper toutes les semaines 700 à 750 pièces de tôlerie (portières, capots, longerons. ..) qui permettent de réparer les véhicules Renault dans toute la France et en Europe.
Les cinq ouvriers découpeurs protestent contre les risques sanitaires qu’ils courent. Des risques qu’ils ont découverts par hasard il y a quelques mois en lisant une étiquette sur l’un des produits utilisés. « Voilà sept ans que l’on utilise une technique cancérigène, explique David, l’un des grévistes. La direction doit prendre des mesures pour nous protéger mais les travaux n’arrivent pas. »
Il y a deux ans pourtant, la direction a procédé à des aménagements. Elle a fait installer un deuxième système d’aspiration des fumées et elle a doté les ouvriers découpeurs de masques à air pulsé équipés de filtres à charbon, « un harnachement de 5 kg, avec des bouteilles dans le dos et de l’air, soit brûlant, soit glacé, qui nous est soufflé directement au visage », raconte Yoann.
Mais les soucis persistent. « Au cours de la journée de travail, on a des maux de tête et on sent de fortes irritations dans la gorge, explique Florent, un autre gréviste. Tous les soirs, en rentrant chez moi, je tousse longuement. Mes crachats sont extrêmement sales, complètement noirs. » Depuis 2012, les prélèvements d’air et les analyses se succèdent, mais « aucun résultat ne nous est communiqué », assurent les salariés.
La CGT a déposé une notification de « danger grave et imminent » et a alerté le comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) ainsi que l’inspection du travail. « Les aménagements effectués sont insuffisants et il faut indemniser les salariés à hauteur des nuisances qu’ils subissent », explique le délégué syndical Thierry Gonnot.
Leur grande crainte, « ce sont les années à venir », comme l’explique Florent : « C’est comme les problèmes liés à l’amiante, explique-t-il. Les soucis médicaux sont apparus des années après l’arrêt du travail. Forcément, on est très inquiets. »