Hollande, Gattaz, Obama, comme larrons en foire

 

« Vous pouvez l’applaudir ! », a déclaré Hollande aux États-Unis, devant une assemblée de 3000 patrons. Il parlait du président du Medef, Pierre Gattaz, qu’il avait emmené avec lui pour rencontrer Obama et des patrons américains et français installés sur place.

En fait, si les capitalistes peuvent applaudir Gattaz, qui est un des leurs, ils peuvent surtout applaudir Hollande qui a pourtant été élu avec les voix de nombreux travailleurs qui espéraient que sa politique serait moins pire que celle de Sarkozy.

Dans la foulée, le président de la république a aussi donné l’accolade à Carlos Diaz, leader du mouvement dit des « pigeons », ces patrons de start-up qui ont obtenu des suppressions de taxes sur les plus-values à la revente à l’aide d’une simple pétition sur Internet. Diaz a quant à lui affirmé qu’il avait adoré le discours de Hollande. On le comprend.

Obama, lui, s’est affirmé de son côté très content des expéditions militaires de Hollande. Celui-ci fait la police à sa place en Afrique, au moment où les États Unis redéployent leurs forces en direction de l’Asie. Même si chacun tente de privilégier ses propres intérêts, les puissances impérialistes savent parfois s’entendre pour imposer leur loi aux peuples des pays pauvres.

De nouveaux cadeaux pour le patronat

Si tout ce beau monde se congratule et s’embrasse, c’est bien évidemment parce qu’ils sont tous d’accord sur un point essentiel : faire payer la crise aux travailleurs en réduisant ce qu’ils appellent « les charges des entreprises », c’est-à-dire en diminuant la partie différée de nos salaires, notamment les cotisations qui servent à financer les allocations familiales, la sécurité sociale, les allocations chômage, etc.

Le gouvernement a notamment promis à Gattaz la liquidation des cotisations familiales payées par les entreprises d’ici à 2017, ce qui représente un nouveau cadeau de 35 milliards d’euros et la soumission à une vieille revendication patronale, lequel vient après le Crédit d’Impôt pour la Compétitivité et l’Emploi (CICE) évalué à 13 milliards d’euros en 2013 et à 20 milliards en 2014.

Pour compenser, le gouvernement annonce qu’il faut trouver 50 milliards d’économie. Une fuite, peut-être volontaire, a révélé qu’il pourrait les trouver dans les poches des fonctionnaires en supprimant les avancements d’échelon automatiques et dans celles des chômeurs qui verraient baisser leurs indemnités. Cela a été démenti, mais il est clair que ce projet fait toujours partie des objectifs du gouvernement…

Face à une telle générosité, Gattaz ne s’est pas contenté d’applaudir, il en a réclamé davantage en déclarant cyniquement à la descente de l’avion qu’il n’était pas question que le « pacte de responsabilité » comporte des contreparties, que les patrons n’avaient aucune intention de s’engager à embaucher en échange de ce déluge de cadeaux. Cette fois, il en avait fait un peu trop.

S’il était évident que le fameux million d’emplois annoncé n’était qu’une blague de plus, Hollande aurait préféré que son partenaire ne le crie pas sur les toits.

Gattaz s’est donc fendu d’une petite phrase pour revenir sur ses déclarations, mais nul n’est dupe : les patrons empochent les cadeaux et l’emploi n’est pas leur préoccupation.

Faisons leur ravaler leur arrogance

Difficile donc d’afficher plus ouvertement un mépris complet des travailleurs, des chômeurs, de tous ceux qui ont du mal à joindre les deux bouts et qui se demandent comment ils s’en tireront une fois à la retraite. Si tous ces nantis et les politiciens à leur service peuvent manifester une telle morgue, c’est parce que les travailleurs ne réagissent qu’au coup par coup, en ordre dispersé. Mais si nous savons nous unir, agir tous ensemble, coordonner nos luttes, organiser une véritable riposte d’envergure nationale, nous pouvons être assurés qu’ils devront non seulement changer de langage et nous respecter, mais céder à nos revendications.


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