Hollande : un ami (de la finance) qui vous veut du bien…

Entre eux, « c’est du sérieux », il y a « de la confiance », une « relation particulière »… À l’occasion de son voyage d’État en Grèce, Hollande a multiplié les mots doux à l’égard du premier ministre Alexis Tsipras. Cette « amitié » avait été scellée en juillet dernier, lorsque le président français et la chancelière allemande avaient dicté leurs conditions à la Grèce en imposant un troisième plan d’austérité draconien. Le gouvernement de gauche de Syriza s’était alors complètement aplati : voilà le « sens de la responsabilité » qu’Hollande admire chez Tsipras.

Entre clins d’œil et sourires complices, les deux chefs d’État ont signé un « accord d’assistance fiscale et administrative » qui permettra au gouvernement français de surveiller directement le dépeçage de la Grèce. Hollande a d’ailleurs emmené. quelques proches, les patrons d’Alsthom, Vinci et Suez, venus faire leur marché dans la grande braderie des services publics grecs. Avec des amis comme ça, les travailleurs de Grèce n’ont pas besoin d’ennemis. Ceux de France non plus.

Le dialogue avec ceux qui se soumettent…

Hollande et ses ministres n’ont plus qu’un mot à la bouche : « dialogue social ». Mais là où Valls voit « une belle démonstration que le dialogue social est vivant », c’est dans l’accord sur les retraites complémentaires du privé que trois syndicats ont accepté et qui prévoit le choix pour les futurs pensionnés entre une décote de 10 % pendant trois ans et un report d’un an du départ en retraite. Commentaire du président : « c’est une nouvelle liberté qui est accordée » !

Et il s’est trouvé des dirigeants syndicaux pour assister à la « conférence sociale », en réalité une grand-messe patronale, dont l’annonce principale a été l’accélération de la réforme du code du travail, présentée dès mercredi en conseil des ministres. Seuls la CGT et Solidaires l’ont boycottée. Faire entériner la destruction systématique des protections que les travailleurs ont pu obtenir par des années de lutte, voilà le sens du « dialogue social » !

… la matraque contre les autres

La soumission de certains dirigeants syndicaux ne représente pas les sentiments de la majorité des travailleurs, à commencer par ceux d’Air France qui n’acceptent pas les suppressions d’emploi et ont à nouveau manifesté la semaine passée devant l’Assemblée nationale, toutes catégories confondues, rejoints par des salariés d’autres entreprises. Face à la colère du monde du travail, les masques tombent et Hollande abandonne son ton mielleux : interpellations spectaculaires, mises à pied sans solde chez Air France, dont l’État est actionnaire, tout est bon pour tenter d’intimider ceux qui demandent des comptes à leur patron.

Même les avocats ont eu affaire aux matraques des CRS, alors qu’ils manifestaient pour le financement de l’aide juridictionnelle aux plus pauvres.

Un avocat a eu sa robe arrachée par les flics, ce qui a moins ému Manuel Valls que la chemise du DRH d’Air France.

C’est ce zèle dans la répression qui, d’après un rapport de la Ligue des Droits de l’Homme, a été à l’origine de la mort de Rémi Fraisse, jeune écolo pacifiste tué il y a tout juste un an sur le site du barrage de Sievens dans le Tarn. Les ordres venaient d’en haut : le ministère avait donné des « consignes d’extrême fermeté ». Quant au rapport de police officiel qui exonère gendarmes, préfets et ministères, il est tellement mensonger que même la presse aux ordres s’en est indignée.

Tomber, tomber la chemise…

Mensonges, hypocrisie, matraque… Hollande utilise tous les moyens à sa disposition pour faire passer la politique du Medef. Son « dialogue social » n’est que le masque de la dictature patronale. Il y aura bien d’autres chemises à arracher pour mettre à nu l’hypocrisie du gouvernement. Gageons que le patronat va trouver à qui parler !

 

Éditorial des bulletins entreprise du 26 octobre 2015

 

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