La coalition des mafieux

Réunis à Munich la semaine dernière pour, disent-ils, mettre fin à la guerre en Syrie, les dirigeants des puissances occidentales impliquées (États-Unis, Russie, France et Allemagne entre autres), n’ont fait qu’étaler leur cynisme et la recherche de leurs seuls intérêts, parfois divergents.

Tous derrière Bachar el-Assad ?

En 2011, quand la population s’était révoltée contre la dictature de Bachar el-Assad dans la foulée des printemps arabes, ces mêmes puissances impérialistes s’étaient bien gardées de réagir contre la violence de la répression. Et voilà qu’aujourd’hui, sous couvert d’en finir avec la barbarie de l’État islamique, elles s’en remettent à la barbarie d’Assad pour rétablir un ordre qui les arrangerait dans la région.

Elles ont donc validé les bombardements russes contre opposants et populations civiles, malgré de vagues protestations à retardement. D’autant qu’elles larguent aujourd’hui leurs propres bombes occidentales, qui font elles aussi plus de victimes civiles que militaires. Remettre Assad en selle a toujours été l’objectif assumé de Poutine, objectif repris aujourd’hui par les autres. La recherche de partenaires « démocratiques » dans l’opposition syrienne n’était qu’une mascarade.

Permis de massacrer en Turquie

Dans ce bal des hypocrites, chacun marchande avec les pires régimes. Hollande et Merkel ne sont pas en reste, caressant dans le sens du poil le gouvernement d’Erdogan, dont ils attendent qu’il transforme la Turquie en vaste prison pour migrants. Il serait même question de renvoyer les migrants ayant réussi à atteindre l’Union européenne en Turquie, argent sonnant et trébuchant à l’appui (même si les trois milliards d’euros promis à la Turquie devant cet afflux de réfugiés ne lui ont pas encore été versés).

En attendant, Erdogan a les mains libres pour pilonner les villes kurdes de Turquie, lesquelles présentent maintenant le même visage dévasté qu’en Syrie et dont toute la population civile a fui. Les mains libres aussi pour bombarder les secteurs kurdes de la Syrie.

Le gouvernement turc, après avoir ouvertement soutenu l’État islamique, contribué à l’armement de ses combattants, leur avoir permis de s’entraîner sur son sol, parle maintenant d’une intervention au sol en Syrie, conjointement avec l’Arabie saoudite, autre grand allié « démocratique » de l’Europe et des États-Unis.
Après cinq ans de guerre, près de 500 000 morts (selon une ONG travaillant pour l’ONU), la moitié de la population du pays jetée sur les routes, ce n’est pas cette comédie de Munich qui peut mettre fin au calvaire de la population syrienne.

L’Otan contre les réfugiés

Après avoir tout fait pour que les premières révolutions du printemps arabe ne s’étendent pas, après avoir laissé les mains libres aux dictateurs et massacreurs, il ne leur restait plus qu’à s’en prendre à tous ceux qui fuient une région à feu et à sang. La dernière grande trouvaille de l’Otan est de mobiliser sa flotte de guerre pour intercepter les bateaux de migrants en Méditerranée. Autant dire… déclarer la guerre aux réfugiés.

Il s’agirait de s’en prendre aux passeurs, nous explique-t-on. Mensonge. Pour arrêter le business criminel des passeurs, il suffirait d’ouvrir les frontières de l’Europe. Ce qu’aucun gouvernement n’est prêt à faire, non pas parce que le continent concentrant le plus de richesses n’en a pas la possibilité, mais par choix politicien d’encourager le racisme et la xénophobie.

Après avoir laissé massacrer la population syrienne pendant cinq ans, les grands de ce monde décident que ce chaos a assez duré. Pas pour des raisons humanitaires, l’ignominie avec laquelle ils traitent les migrants en est la preuve, mais pour disposer plus tranquillement des ressources présentes dans l’ensemble de la région. Alors ils préparent une paix des cimetières, pour que règne l’ordre de leurs multinationales respectives. À moins que par leur intervention militaire directe, conjointe ou pas, ils finissent par créer un chaos de plus.

 

Éditorial des bulletins d’entreprise du 15 février 2016

 

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