À l’heure où ces lignes sont écrites, le résultat de l’élection présidentielle américaine est encore inconnu. Mais le vainqueur, on le connaît déjà : il s’agit de la très grande bourgeoisie de la première puissance capitaliste du monde.
Deux styles différents…
D’un côté, la très lisse Hillary Clinton, une multimillionnaire habituée des arcanes du pouvoir depuis des décennies, que ce soit aux côtés de son mari lorsqu’il était président ou par la suite, quand elle-même était sénatrice puis ministre des Affaires étrangères.
De cette période, elle n’a pas seulement à assumer les casseroles personnelles. Il y a aussi le bilan : son soutien aux désastres qu’ont été la guerre et l’occupation en Afghanistan et en Irak, ou au plan de renflouement des banques lors de la crise de 2008, officiellement à hauteur de 700 milliards de dollars, en réalité onze fois plus.
De l’autre, le promoteur immobilier et milliardaire Donald Trump, qui a amené cette campagne au niveau du caniveau. Les Mexicains, les musulmans, les femmes, les Noirs : tous sont visés par sa démagogie grossière. Cette haine constitue d’ailleurs l’essentiel de son programme. Pour le reste, ce n’est que déclarations à l’emporte-pièce.
…au service d’une même bourgeoisie
Dans cette élection, c’est l’argent qui joue les faiseurs de rois. À eux deux, les candidats ont levé 1,5 milliard de dollars pour leur campagne.
Clinton a reçu le soutien des plus grandes fortunes du pays. Elle-même disait à une assemblée de banquiers : « je vous ai représentés pendant huit ans. » Du côté de Trump, sa phrase fétiche lorsqu’il faisait de la télé en dit long : « Vous êtes viré ! » Tout un programme ! Quel que soit le résultat l’élection, les intérêts de cette classe seront fidèlement défendus par le vainqueur.
Les grands groupes capitalistes responsables de la crise de 2008 s’en sont bien tirés. Les banques ont été renflouées, l’industrie a licencié à tours de bras pour rétablir ses profits. À côté de cela, des régions entières ont été dévastées. Désormais 43 millions d’Américains dépendent de l’aide alimentaire. Aucun des deux candidats ne promet de mettre fin à cette situation.
Quant à la politique internationale, elle dépend très peu des déclarations actuelles des candidats. Qu’on se souvienne d’Obama, qui promettait de se retirer du Moyen-Orient ! Depuis 1991, la première puissance mondiale est engagée dans une série d’aventures guerrières pour le contrôle du Moyen-Orient riche en pétrole, et ces guerres vont se poursuivre.
Nos frères et sœurs de classe
En France, nous ne percevons souvent des États-Unis que la caricature. Le pays de l’argent-roi, le mode de vie consumériste. Ces élections sont une caricature de la caricature. Pourtant, il y a dans ce pays des millions de travailleurs dont la vie est semblable à la nôtre.
De plus en plus de jeunes Américains se reconnaissent comme faisant partie de la classe ouvrière. La nécessité de cumuler plusieurs boulots ou de vivre dans la cave de leurs parents leur a ouvert les yeux sur le mythe de la classe moyenne.
Cela fait donc beaucoup de choses similaires entre la France et les États-Unis ! Des élections auxquelles personne ne croit et des candidats bien éloignés des préoccupations des travailleurs, à l’exception notable, en France, de Philippe Poutou et Nathalie Arthaud. Une démagogie raciste et xénophobe qui se déchaîne pour faire oublier les vrais problèmes. Une classe ouvrière qui a été laminée par la crise et des jeunes qui voient bien qu’il n’y a que peu de perspectives pour eux dans ce système.
Des deux côtés de l’Atlantique, le même problème se pose à nous. Celui de nous organiser, de nous donner les moyens, par la lutte de classe, d’imposer la politique de notre camp social. Car aucun des politiciens bourgeois qui s’agitent dans ce cirque électoral ne le fera à notre place.