60 millions de réfugiés à travers le monde, c’est l’estimation que vient d’établir le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Des exilés poussés à fuir leur pays à cause des guerres semées par les grandes puissances pour contrôler la planète, des persécutions et des dictatures, ou par la misère. Rappelons que l’immense majorité sont accueillis par les pays pauvres limitrophes, alors qu’autour de 100000 sont arrivés en Europe depuis le début de l’année.
Frontières à géométrie variable
À Paris, comme à Calais, Vintimille ou ailleurs, des centaines de migrants, demandeurs d’asile ou en transit se retrouvent à la rue ou dans des camps de fortune, après avoir risqué leur vie en traversant le désert et la Méditerranée, quand ils ne sont pas matraqués et dispersés par la police comme cela a été le cas à Paris ces derniers jours.
C’est qu’ils sont des milliers chaque mois, expulsés de leurs terres, fuyant les guerres et massacres entretenus par les marchands d’armes, à se retrouver en butte à la répression, bloqués et chassés aux frontières ou renvoyés dans leur pays d’origine.
Mais les frontières n’existent pas pour tout le monde. La France accueille des dictateurs, comme dernièrement Ali Bongo, président du Gabon, invité au salon du Bourget. Pas de souci non plus pour ces autres dictateurs d’Afrique ou des différents émirats pétroliers qui s’offrent (on pourrait même dire squattent) une bonne partie des hôtels particuliers des Champs-Élysées et alentours. Quant aux oligarques russes, bienvenue sur la côte d’Azur !
Pas de frontières, pas de barbelés pour ces assassins au pouvoir, ces pilleurs de leurs peuples.
Les démagogues
Face à la guerre en Syrie et à l’afflux de réfugiés en Europe, sur 130000 personnes jugées prioritaires par le HCR, la France s’est engagée à en accueillir seulement 1000, quand l’Allemagne en accueillait 20000.
En réalité, nos gouvernants reprennent la propagande du Front national, préférant alimenter la peur de l’étranger et fabriquer des travailleurs sans-papiers que des patrons sans scrupules surexploitent.
Tandis que les migrants fuient d’abris en abris, ou sont bloqués à la frontière, à Vintimille, et se font poursuivre, matraquer et harceler sous nos yeux par la police, française et italienne, la démagogie va bon train, comme Sarkozy évoquant une « fuite d’eau » en parlant des réfugiés, ou encore Valérie Pécresse qui veut un « blocus maritime le long des côtes libyennes », ou encore, en Hongrie, le président Victor Orban qui annonce la construction d’un mur de 150 kilomètres pour barrer la route aux migrants.
Un plan d’aide en trompe l’œil
Le ministre Cazeneuve, lui, a annoncé un « plan d’urgence » avec la création de 11000 places d’hébergement d’urgence, dont 4200 étaient déjà prévues, et seulement 2000 d’ici la fin de l’année. Bien peu face aux besoins, alors que les centres d’accueil sont débordés. Mais derrière ce semblant d’aide humanitaire, le plan met surtout la priorité sur le renforcement des expulsions, avec un tri entre prétendus « bons » et « mauvais » réfugiés. Le gouvernement veut surtout remplir les centres de rétention, dernière étape avant l’expulsion.
Alors que l’État français n’octroie l’asile qu’à 17 % des demandeurs (la moyenne européenne étant pourtant à 45 %), avec ce nouveau plan d’urgence ce n’est pas près de changer.
Lutter pour la liberté
Les expulsés de La Chapelle ont manifesté malgré la répression policière, occupé une caserne de pompiers désaffectée, soutenus par des centaines de riverains. Une mobilisation de solidarité s’est exprimée. Le 21 juin des milliers de personnes étaient mobilisées à Berlin, Paris, Calais, Menton et Rome pour soutenir les migrants face à la politique menée par l’Europe.
Oui : l’heure est à la solidarité internationale des exploités face aux tenants du système.
Éditorial des bulletins d’entreprise du 22 juin 2015