Mépris de classe

 

Jeudi dernier, lors d’une visite officielle en Bretagne, Macron a cru bon de plaisanter sur les kwassa-kwassa, ces embarcations traditionnelles à Mayotte : « le kwassa-kwassa pêche peu, il amène du Comorien »… à l’heure où des milliers de réfugiés se noient en mer en essayant de rallier Mayotte ou les côtes de l’Europe sur des embarcations de fortune.

À l’issue du second tour de la présidentielle, nous avons donc écopé de Macron pour cinq ans, mais le mépris et le racisme de ses propos n’ont rien à envier à la candidate du Front National. On se souvient également des déclarations de Macron sur les ouvrières de l’abattoir Gad en Bretagne censées être des « illettrées ». Ou de « la meilleure façon de se payer un costard, c’est de travailler », qu’il lance lors d’une visite à Lunel, à un enseignant et à un jeune intérimaire opposés à la Loi Travail.

Qu’on ne s’y trompe pas : les salariés, et l’ensemble des classes populaires, nous sommes tous visés par son mépris, et par les attaques qu’il prépare d’ores et déjà pour l’été.

Casse sociale sur ordonnance

Le gouvernement se prépare à mener tambour battant une offensive à coups d’ordonnances devant être ratifiées dès septembre.

La loi El Khomri permet de prioriser les accords d’entreprise par rapport aux accords de branche et au Code du travail concernant la durée du travail. Il s’agit maintenant d’élargir ce fonctionnement, qui permet de revoir à la baisse les droits et les protections des salariés, à tous les domaines.

En ligne de mire, les salaires, qui, en cas d’accord local, pourraient être inférieurs à ceux prévus dans les conventions collectives. Macron veut également s’en prendre aux retraites, avec une uniformisation par le bas, et réintroduire certaines dispositions supprimées de la loi Travail, comme le plafonnement des indemnités pour licenciement abusif. Il propose encore qu’un patron puisse organiser un référendum dans l’entreprise pour faire passer un accord qui n’aurait la signature que de syndicats minoritaires – une création de la loi Travail, mais limitée à l’initiative des syndicats. Enfin, il a déjà annoncé une augmentation de la CSG de 1,7 point pour compenser une suppression des cotisations chômage et maladie : une TVA sociale nouvelle mouture qui pèserait en particulier sur les retraités.

Ne pas se laisser endormir

Pour riposter, il ne faut pas trop compter sur l’initiative des directions syndicales : Macron s’y entend pour les amadouer. Après avoir défilé dans le bureau de Macron, elles ont remis ça le 29 mai avec Édouard Philippe. Une simple invitation, et les voilà qui applaudissent au dialogue social, sans que le nouveau gouvernement ait pris aucun engagement… à part d’attaquer au plus vite les salariés !

C’est sur nos propres forces qu’il faudra surtout compter, comme face aux suppressions d’emplois annoncées. Les salariés du sous-traitant automobile GM&S avaient fait parler d’eux en menaçant de faire sauter leur usine. Contrairement aux annonces du gouvernement, ils ne sont toujours pas sortis d’affaire et veulent reprendre l’initiative. GM&S, Ford, Tati, Mim, Vivarte, Whirlpool… : ce sont toutes ces colères qu’il faudrait fédérer.

La semaine dernière, les conducteurs de camions transportant des matières dangereuses se sont mis en grève pour réclamer une « durée journalière de travail maximale de 10 h » (contre 12 aujourd’hui), une « période de repos hebdomadaire de 45 heures », un « taux horaire minimal de 14 euros » (contre 9,79), un « suivi médical semestriel spécifique »… Autant de revendications qui ne sont qu’un minimum pour leur santé et la sécurité.

Face à cette situation, c’est une contre-offensive générale qu’il faudrait. Dans les élections législatives, c’est cette perspective que porteront les candidats révolutionnaires : pour faire entendre le programme de Philippe Poutou, les candidats du Nouveau Parti Anticapitaliste seront présents dans certaines circonscriptions, et le NPA appelle à voter pour ceux de Lutte Ouvrière dans les autres. En votant pour eux, nous affirmerons que nous sommes prêts à repousser les offensives à venir.

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