Vendredi prochain, un milliardaire raciste et misogyne sera intronisé à la tête de la première puissance mondiale. Passée la surprise de l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis, l’écœurant magnat de l’immobilier semble avoir gagné les faveurs de ses collègues chefs d’Etat du monde entier, des potentats de la finance et même des principaux candidats à l’élection présidentielle en France.
Anti-système, mon œil !
A commencer par Marine Le Pen qui se présente comme le Trump français. Elle a vivement salué la politique « protectionniste » de son Donald, après que Ford a promis 700 embauches aux Etats-Unis et Amazon 100 000. Mais, ici comme là-bas, les travailleurs savent trop bien ce que valent ces promesses de patron. Non seulement ces éventuels investissements ne garantissent pas l’emploi, mais ils étaient prévus des mois avant l’élection et c’est de la poudre aux yeux.
En réalité Trump, sous ses airs d’homme à poigne, n’impose rien au grand patronat, bien au contraire : si quelques entreprises s’apprêtent à rapatrier certains sites, c’est qu’il se prépare à baisser les impôts sur les sociétés de 35 % à 15 %. A faire de l’ensemble des Etats-Unis un paradis fiscal pour les plus riches.
Le nouveau cabinet américain est à l’image de la classe sociale dont il servira les intérêts, celle des milliardaires, des grands patrons, des financiers. Dix-sept futurs ministres, sans compter Trump lui-même, possèdent autant de richesses que les 109 millions d’Américains les plus pauvres ! Son chef de la diplomatie a dirigé ExxonMobil, son secrétaire au Trésor Goldman Sachs, son ministre de la santé un lobby pharmaceutique et sa ministre des Transports est la fille d’un gros armateur. Pas bien difficile de prévoir que sa politique ne profitera qu’aux riches.
Le prétendu monsieur « anti-système », s’apprête comme ses prédécesseurs à gouverner pour ce système, dans un style encore plus direct et plus brutal. Un avertissement pour ceux qui s’imaginent « renverser la table » en votant Le Pen.
Du « Tout sauf Trump » au « Tous comme Trump »
Dans tout le monde politicien, et pas seulement à l’extrême-droite, on singe Trump. La mode est aux coups de mentons virils. Fillon se réclame de Thatcher et promet une « Blitzkrieg » contre le monde du travail. Macron, l’ancien banquier d’affaires, prône une « révolution » libérale, c’est-à-dire patronale. Même les pantins tristes de la primaire à gauche, coulés dans le même moule, tous comptables du bilan de Hollande, jouent les durs à cuire en prônant le rétablissement des contrôles aux frontières, la réinstauration du service national et encore des embauches dans la police.
Mélenchon se revendique aussi du protectionnisme, jusqu’à dire récemment : « Je me réjouirais de traiter avec Trump » car « il comprendrait que je me situe strictement sur le point de vue des Français. » Mais de quels « Français » ? Des riches ou des pauvres ? Des patrons ou des salariés ? Car les travailleurs, quelle que soit leur nationalité, n’ont pas d’intérêts communs avec ceux qui les exploitent. Les frontières n’ont jamais protégé du chômage, mais elles tuent tous les jours ceux parmi les plus pauvres qui tentent de les passer.
Loin des démagogues
Face à la dégradation continue des conditions de vie, bien des travailleurs ont envie de taper du poing sur la table. Mais qu’on ne s’y trompe pas : ceux qui bombent le torse pour briguer nos votes seront durs avec les faibles et doux avec les puissants.
Pour inverser réellement la vapeur, il faudra jouer du rapport de force. C’est ce que défend Philippe Poutou, ouvrier chez Ford et candidat du NPA à l’élection présidentielle. Toute mesure en faveur du monde du travail sur le front de l’emploi, des salaires ou des services publics ne pourra qu’être arrachée aux patrons, en bousculant leurs profits. La seule force capable de l’imposer, c’est la force collective des travailleurs quand ils entrent en lutte.