Depuis deux mois et demi, la colère s’exprime contre cette loi travail qui vise à légaliser tous les chantages patronaux. Sept journées de grève et de manifestations interprofessionnelles ont déjà mobilisé de nombreux travailleurs et jeunes. Alors que les médias répétaient que la mobilisation était sur le déclin, les manifestations de jeudi dernier, 19 mai, leur ont asséné un démenti en rassemblant plus de monde que les deux journées précédentes.
La balle dans le camp des travailleurs
Mais pourra-t-on faire reculer le gouvernement en poursuivant cette stratégie de manifestations espacées ? Durant deux mois, la mobilisation a été rythmée par la jeunesse étudiante et lycéenne, qui a bousculé le calendrier syndical en proposant des manifestations intermédiaires. Les jeunes ont d’ailleurs eu le réflexe, via leurs comités de mobilisation ou leurs coordinations, d’organiser des rencontres avec les salariés de différents secteurs, mobilisés ou non. Les Nuit Debout ont été l’occasion de poursuivre ces initiatives. Mais à présent, il revient aux travailleurs d’impulser une nouvelle dynamique par la seule arme que craignent vraiment gouvernements et patronats : la grève.
Il faut dépasser la stratégie perdante des directions syndicales
« Grève générale ! » scande-on dans les cortèges depuis le 9 mars. Pourtant, les directions syndicales n’ont rien fait pour la construire. Et ne parlons pas de celles qui soutiennent la loi travail.
Dans les secteurs les plus mobilisés, comme à la SNCF, elles n’ont cessé de repousser l’échéance d’une grève reconductible. Elles ont tenté d’isoler les cheminots par des journées de grèves distinctes de celles des autres salariés, comme si le Décret socle contre lequel se battent également les cheminots n’était pas l’avatar de la loi travail pour le rail !
Actuellement, la CGT propose aux cheminots des grèves de 48 heures, les mercredis et jeudis : après les grèves « carrées », on passe aux grèves « rectangles » ! Pourtant, la plupart des cheminots ont bien compris que seule la grève jusqu’au retrait de la loi travail et du Décret-socle pourra garantir le maintien de leurs conditions de travail. Dans plusieurs gares, à Paris, Tours ou Grenoble, ils ont décidé par eux-mêmes, dans les assemblées générales, qu’il était temps de s’y mettre vraiment et ils reconduisent la grève depuis le 18 mai.
Le moment est d’autant plus venu de démarrer la grève que plusieurs secteurs sont entrés en lutte : cheminots, routiers, raffineries… et que d’autres pourraient s’y joindre si la grève se concrétise.
Les fausses promesses du gouvernement
Le gouvernement tente de duper les routiers en promettant que leur convention collective, régissant le paiement des heures supplémentaires, ne sera pas revue, tout comme les conducteurs de la SNCF s’étaient vu promettre le maintien de leurs jours de repos. Mais ces promesses n’engagent que ceux qui y croient. Il s’agit surtout de tentatives de division pour mieux s’attaquer aux uns et aux autres le moment venu. D’autant que la loi travail prévoit justement de remettre en cause tous les cinq ans les quelques garanties laissées dans les conventions collectives.
La mobilisation contre la loi travail est donc à un tournant. Le recours au 49.3 a montré qu’il n’y a rien à attendre du parlement et son simulacre de démocratie. La tâche de ceux qui veulent faire reculer le gouvernement est de construire la grève. Dans les secteurs mobilisés, en s’organisant et en décidant collectivement dans des assemblées générales. Dans les autres secteurs en discutant le plus largement possible de cette perspective avec les collègues. Partout, en établissant des liens entre entreprises et secteurs et en participant largement aux grèves et manifestations, à commencer par celle de jeudi 26 mai.
Ce n’est qu’en construisant la grève à la base que nous pourrons gagner contre la loi travail et toutes les attaques sectorielles.
Jeudi 26 mai : tous à la manifestation à Paris à 14h, de Bastille à Nation !
Éditorial des bulletins d’entreprise du 23 mai 2017