Lundi prochain 8 mars, c’est la journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Cette année, il y a une raison de plus de donner de l’ampleur aux rassemblements, aux manifestations ou aux grèves prévues ce jour-là : les retombées de la crise sanitaire ne font que creuser les inégalités, dont celles, criantes, entre les hommes et les femmes.
La crise sanitaire dure depuis un an et a plongé dans la pauvreté les plus précaires, dont en premier lieu les femmes. Les femmes travailleuses, dont les salaires sont plus bas que ceux des hommes et qui sont plus nombreuses dans les emplois précaires. Les retraitées, dont beaucoup ont de petites retraites amputées souvent par des années sans emploi. Des femmes plus vulnérables économiquement, malgré leur rôle essentiel de « premières de corvée », car elles sont très majoritaires dans les services ou le tourisme, touchés de plein fouet.
En octobre dernier, un rapport du FMI pointait les effets inégaux de la crise au niveau mondial. Ce que confirmait une récente enquête menée sur l’impact de la pandémie sur l’égalité femmes-hommes au travail, et qui révélait que la crise affecte plus durement les femmes et leur moral.
L’année passée a également été marquée par les restrictions de nos libertés de déplacement, couvre-feux ou confinements, dont l’utilité sanitaire est contestable lorsqu’il faut s’entasser dans les transports en commun pour aller travailler. Mais qui a eu surtout la charge des enfants dans les périodes sans école, quand la cantine y était fermée ?
Les statistiques ont pointé à quel point ces mesures ont provoqué une hausse considérable des violences faites aux femmes. Les signalements ont augmenté de 36 % au printemps 2020, puis de 60 % lors du deuxième confinement, par rapport à 2019. Des hausses similaires ont été enregistrées ailleurs comme en Espagne ou au Brésil.
Montée des idées réactionnaires
Chaque crise économique est aussi synonyme de reculs pour les droits fondamentaux, comme ceux des femmes pour leur émancipation. C’est le cas en Pologne, où, fin 2020, le gouvernement ultra-conservateur a décidé l’interdiction de l’avortement. Mais cela a fait descendre dans la rue des centaines de milliers de personnes cet automne et de nouvelles manifestations ont eu lieu le 27 janvier dernier.
En France, les possibilités d’accueil des centres d’IVG ont été réduites, et les manifestations se sont multipliées contre les fermetures de centres. Une proposition de loi visant à prolonger le délai légal de l’avortement de 12 à 14 semaines a été retirée suite à l’obstruction des sénateurs LR et centristes, alors qu’en 2018, 2 000 femmes qui avaient dépassé le délai légal de 12 semaines de grossesse ont dû se rendre à l’étranger (aux Pays-Bas, au Royaume-Uni ou en Espagne), afin d’effectuer une IVG.
Le combat de tous
Au Maroc, c’est le viol d’une petite fille de cinq ans qui a suscité une mobilisation. Au Nigeria, c’est celui d’une étudiante puis de nombreux témoignages de victimes qui ont levé une vague d’indignation, dans ce pays où le code civil autorise les hommes à battre leur femme pour les « corriger ». Le 30 décembre dernier, en Argentine, c’est avec des cris de joie que des dizaines de milliers de manifestants défilaient dans les rues : après des années de combat, une loi autorisant l’avortement était enfin imposée.
Et ce qui vient aussi de marquer l’actualité en France ce sont, en juillet dernier, des rassemblements réunissant des milliers de personnes pour dénoncer la nomination des nouveaux ministres Darmanin et Dupond-Moretti, au cri de « un violeur à l’Intérieur, un complice à la Justice ».
Les acquis des luttes, comme les droits féministes peuvent être constamment remis en cause par les gouvernements successifs. La mobilisation de toutes et de tous pour défendre l’égalité et obtenir de nouveaux droits est donc toujours nécessaire, le 8 mars et au-delà, car elle fait partie d’un mouvement d’ensemble pour une société plus juste et égalitaire, débarrassée du capitalisme et du patriarcat.