Renault Cléon : un salarié dénonce Renault dans une lettre avant de se suicider

Un mécanicien de 35 ans s’est suicidé sur son lieu de travail à l’usine Renault de Cléon, dans la nuit du dimanche 21 au lundi 22 avril.

Ce père de deux enfants a été retrouvé par ses collègues vers 6h du matin, pendu dans l’atelier où il travaillait. Cédric N. revenait de congés et avait repris en équipe de nuit.

Il a laissé sur place deux lettres, une pour sa famille et l’autre à l’attention de la direction. Dans ce second courrier, Cédric écrit : « merci Renault. Merci ces années de pression. Le droit de grève n’existe pas. Ne pas protester sinon gare. La peur, l’incertitude de l’avenir sont de bonne guerre, paraît-il ? Tu expliqueras ça à mes filles, Carlos », allusion directe à Carlos Ghosn, PDG du groupe.

Le salarié, en poste depuis 2000 à Cléon, excellent ouvrier et non-syndiqué, faisait l’objet de pressions de la direction depuis qu’il avait pris activement part aux grèves contre le projet d’accord compétitivité-emploi cet hiver. La direction l’avait notamment menacé de le faire redescendre en équipe de jour, avec une perte financière très importante à la clé.

La CGT a demandé lundi la tenue d’un Comité d’hygiène et de sécurité exceptionnel. Le parquet de Rouen, qui a confirmé la découverte de deux lettres, a de son côté précisé avoir ouvert une enquête en « recherche des causes de la mort ». La direction du site a, de son côtéi, assuré vouloir « comprendre ce qui s’est passé ».

suicide_cléon

Le 26 mars dernier, un technicien de Renault Lardy avait tenté de se suicider sur son lieu de travail en se donnant deux coups de couteaux.
Au Technocentre de Guyancourt, un technicien de 49 ans et une ingénieure de 42 ans se sont également suicidés mais chez eux, respectivement en octobre 2012 et février 2013.

Ces suicides interviennent alors que les conditions de travail connaissent, depuis quelques temps, une forte dégradation : réorganisations permanentes, déstabilisation des individus, pression de la hiérarchie, augmentation du stress, mise en concurrence des salariés sur fond de réduction des effectifs… Une situation que l’actuelle politique dite de “compétitivité” ne peut qu’aggraver. Ca suffit !

Voir aussi Le Parisien du 23/04/2013

 

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