C’est sûr, le gouvernement peut s’en inquiéter : les élections départementales des 22 et 29 mars, tout le monde s’en moque. D’ailleurs, personne n’y comprend rien. Il s’agirait de voter à ces ex cantonales pour des représentants de départements que le gouvernement voulait supprimer il y a un an (pour faire des économies) et dont près de la moitié des compétences ont été déjà transférées aux régions.
Personne ne sait à quoi sert le scrutin. Mais selon le gouvernement, Valls en tête, c’est le FN qui risque, qui peut, qui va gagner. Alors, sur les radios, les télés, la musique gouvernementale est la même. À grands renforts de spots publicitaires, il faut aller voter et voter bien… PS bien sûr ! Pour une autre politique ? Certainement pas ! Hollande et Valls l’ont martelé ces derniers jours : il est « hors de question » de changer de politique.
Un gouvernement rabatteur sur les voies sans issue du FN
Alors, c’est vrai, pourquoi les électeurs voteraient-ils pour le parti au pouvoir qui persiste et signe ? Lui qui est, pour cette raison, le premier responsable de la montée du Front national après trois ans de politique anti-ouvrière.
Pour ne retenir que le pire : la loi pour la « sécurisation » de l’emploi, qui permet une flexibilité sans limite dans les entreprises, de baisser les salaires, d’allonger le temps de travail, de ne plus payer une partie des heures supplémentaires. Et, comme si le patronat n’avait pas déjà tout ce qu’il voulait, le gouvernement nous sort la loi Macron, contre laquelle une journée de grève interprofessionnelle est prévue à juste titre le 9 avril. Tout pour mieux licencier, sans limites.
Le FN embusqué au péage du grand patronat
En réalité, côté FN, personne ne critique la politique anti-ouvrière de Hollande, Valls, Macron, du PS ou de l’UMP.
C’est cette politique qui génère une colère bien légitime, grossièrement détournée par le FN dont l’arrivée au pouvoir n’améliorerait en rien, bien au contraire, le sort des travailleurs. Et ceux qui vont voter FN en pensant que c’est le dernier parti qu’on n’a pas encore essayé et qu’il ne peut pas faire pire que ce qu’on a déjà eu ignorent, ou font semblant d’ignorer, que le FN nous réserve encore pire. Preuve en est le racisme et la propagande anti-immigrés qu’il déploie pour nous le faire accepter et nous diviser.
Comme si c’étaient les immigrés qui baissaient nos salaires, qui imposaient la flexibilité, qui licenciaient à tour de bras, qui fermaient les usines ! Non, ce sont les grands capitalistes, certains bien français, assoiffés de profits.
Ceux-là mêmes que le FN se refuse de dénoncer. Car tous ceux qui veulent diviser les travailleurs en accusant les immigrés sont ceux qui militent en fait pour nous exploiter tous.
La seule route possible, c’est l’unité des travailleurs contre ceux qui les exploitent
Les travailleurs immigrés sont nos alliés lorsque nous devons nous battre contre des baisses de salaires, une fermeture d’usine, des suppressions de postes, des restructurations ou des heures supplémentaires non payées dues à une flexibilité toujours accrue.
C’est le moment de manifester notre colère en renouant avec les luttes, et en convergeant vers ce qui nous unit : l’augmentation des salaires, l’interdiction des licenciements et le contrôle de profits qui vont toujours aux mêmes. Dans n’importe quel secteur, une lutte, même partielle, même limitée, peut devenir en peu de temps l’affaire de tous, à condition qu’elle cherche à se coordonner avec d’autres.
Éditorial des bulletins d’entreprise du 16 mars 2015