Le suicide d’un salarié de Renault en février 2007 a été reconnu comme étant dû à une « faute inexcusable » du constructeur automobile, dans une décision rendue ce jeudi par le Tribunal des Affaires de la Sécurité Sociale (Tass) de Versailles (Yvelines).
Le Tass a condamné Renault à verser 50 000 € à la veuve du salarié et 50 000 € à son fils, au titre des dommages et intérêts.
Déjà reconnu comme accident du travail
Raymond D., technicien de 38 ans du Technocentre de Guyancourt (Yvelines), s’était pendu à son domicile le 16 février 2007. Dans une lettre d’adieu retrouvée à son domicile, il révélait les raisons qui le poussaient à en finir : «Je ne peux plus rien assumer, ce boulot c’est trop pour moi, ils vont me licencier et je suis fini, je ne saurai pas faire son top série de merde à Gosn (sic) et à Hamel, pardon, bonne chance». Son suicide a été reconnu en 2011 comme accident du travail par la justice.
En l’espace de quatre mois, courant 2006 et 2007, trois salariés du Technocentre — le pôle de conception et de recherche du constructeur — s’étaient donné la mort. La justice a déjà reconnu la «faute inexcusable» dans les suicides des deux autres employés de Renault, pour le premier en 2011 et le second en mai 2012. Le constructeur automobile a toutefois formé un pourvoi en cassation dans ce deuxième cas.
Après cette vague de suicides, le parquet de Versailles avait ouvert une enquête préliminaire, classée sans suite en janvier 2009. Une des familles avait tenté de relancer l’affaire sur le plan pénal en décembre 2011 en déposant une plainte avec constitution de partie civile mais celle-ci avait aussi été classée, car considérée comme prescrite.