Un virus peut en cacher un autre

Michelin, Renault, Bridgestone, Total, Sanofi, TUI… Pas une journée ne se passe sans une annonce de suppressions d’emplois. La faute au corona ? A la transition énergétique ? A la concurrence étrangère ? Des prétextes qui masquent une offensive du patronat pour défendre ses marges en sacrifiant les emplois. Comme pour le Covid, il serait pourtant temps de déclarer la guerre aux suppressions d’emplois. Il n’y a aucune fatalité : la mobilisation collective du monde du travail pourrait stopper cette hécatombe.

Un million de chômeurs en plus

Un virus se répand, celui des licenciements, sans qu’aucun vaccin ne soit à l’étude. La liste des suppressions de postes s’allonge mais, à les entendre, aucun grand groupe ne licencie. Immaculée Conception de chômeurs, baptisée « zéro licenciements » par Total, qui s’apprête à supprimer 700 emplois à la raffinerie de Grandpuits (77).

Les combines ne manquent pas pour licencier sans licencier, sans payer le coût associé d’un plan dit social : départs au volontariat forcé, ruptures conventionnelles individuelles ou collectives, restructurations qui poussent à la démission, licenciements sous prétexte disciplinaires, fins de mission d’intérim ou de CDD, etc.

Une hécatombe dont les effets se cumulent avec les faillites de petites entreprises et les coupes incessantes dans des services publics : les suppressions d’emploi à la SNCF

Avec la bénédiction de l’État

Ce chômage de masse est une opportunité pour imposer baisses de salaire et dégradations des conditions de travail. Et qu’importent ses effets dévastateurs : les queues qui s’allongent devant les soupes populaires, le désespoir de la jeune « génération Covid » ou la montée des idées obscurantistes qui fleurissent sur le terreau de la misère.

Le gouvernement accompagne, justifie et subventionne ce crime social. Aides publiques, baisse des impôts sur les sociétés, prêts garantis et crédits d’impôts (notamment à Total et Renault pour la prétendue « transition énergétique »). Sa politique consiste à faire payer au contribuable les licenciements dans les grands groupes.

Mais les ministres jouent la comédie du « patriotisme économique ». Bruno Le Maire se vante d’avoir repoussé l’envahisseur québécois qui voulait racheter Carrefour. Ce Carrefour bien français, qui touche des millions de l’État, a supprimé 3000 emplois en 2019. Son concurrent Auchan, bleu-blanc-rouge lui aussi, a supprimé 1 500 postes cette année, tombés pour enrichir la famille Mulliez. La lutte pour l’emploi est une lutte de classe, salariés contre patronat, la nationalité des uns ou des autres n’y change rien.

représentent l’équivalent de trois Bridgestone chaque année depuis vingt ans.

Vaccin anti-licenciement et partage du travail

Il n’y a aucune fatalité. Records en bourse, record de milliardaires : de l’argent, il y en a. C’est une affaire de choix politiques. Les travailleurs ont les moyens d’imposer les leurs, même en pleine pandémie. Sans attendre après les promesses électorales qui commencent déjà, sans croire aux mensonges nationalistes, sans illusions sur la « tactique » prônée par tant de dirigeants syndicaux, qui ne proposent que de négocier, entreprise par entreprise, des sacrifices pour les travailleurs contre quelques vagues promesses : en bref, jouer aux moutons pour calmer l’appétit des loups.

Si la pandémie a montré une urgence, c’est celle d’embauches massives dans les services utiles à la population, dans tous les secteurs essentiels. Cela passe par le partage du travail entre tous sans perte de salaire, l’interdiction des licenciements et des suppressions de postes pour en finir avec le chômage. Un programme pour les luttes de l’ensemble du monde du travail.

Des syndicats appellent à une journée de grève interprofessionnelle le 4 février. Une occasion à saisir. D’ici là, les salariés du groupe de tourisme TUI, rejoints par ceux d’autres entreprises, appellent à une manifestation contre les licenciements et les suppressions d’emplois samedi 23 janvier à Paris à 14h. Des travailleurs de plusieurs entreprises de différents secteurs, syndiqués ou non, les rejoignent, notamment ceux de la raffinerie Grandpuits, en grève depuis deux semaines. Soyons-y nombreux.

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