Violences policières, violences sociales

« Mourir pour des idées est relativement stupide et bête. » C’est tout ce qu’a inspiré la mort de Rémi Fraisse au président PS du Conseil général du Tarn, Thierry Carcenac. C’est sûr que pour ce politicien, faire quoi que ce soit pour des idées serait incongru : il se contente d’appliquer les directives de ses commanditaires patronaux. Rémi, lui, avait des idées et il manifestait pour les défendre.

Les casseurs sont ceux qui lancent les grenades

Sa mort a suscité l’indignation. À Rennes et à Toulouse, les manifestations ont été interdites. À chaque fois, plusieurs centaines de jeunes ont tenu tête et se sont rassemblés, sous haute surveillance. Il n’en fallait pas plus pour que le gouvernement nous refasse le coup des « casseurs ».
Jeudi 6 et vendredi 7 novembre, des lycéens révoltés par les violences policières ont débrayé puis battu le pavé de la capitale. Le gouvernement n’a pas osé donner ses flics contre ces jeunes. Pas une vitrine cassée, pas une voiture endommagée. Dans les manifestations ou dans les grèves, les fauteurs de violence sont bien souvent du côté de la police.

Le Medef décide, le gouvernement exécute

Ces violences policières ne sont pourtant qu’un aspect de l’ensemble des violences sociales. Car le patronat n’a besoin ni de matraque ni de « grenade offensive » pour licencier des milliers de salariés et ruiner des régions entières.

Le Parti socialiste, comme l’UMP avant lui, a mis tous les moyens financiers de l’État au service des patrons. Les milliards du pacte de responsabilité, la suppression des cotisations à la branche famille de la sécu, la promesse – la seule que Hollande va tenir – de ne pas augmenter les impôts pour les riches, sont les mesures phares du budget 2015. L’austérité s’applique uniquement aux classes populaires.

Finalement, le PS croit encore en la lutte des classes… et nous aussi !

Les patrons vivent certes de subventions, mais surtout de l’exploitation. Et, là encore, le gouvernement est du côté du patronat. Aide juridique en détricotant la législation pour allonger le temps de travail, augmenter la précarité, réduire les salaires, couper les vivres aux plus précaires. Aide politique en relayant la propagande sur le « coût du travail », en expliquant qu’il faut que les salariés soient plus « compétitifs », qu’il faut en finir avec les 35 heures et diminuer l’emploi public. Dernière en date, Valls a dénoncé l’existence même du CDI comme une inégalité vis-à-vis des nombreux salariés en CDD !

C’est bien de lutte des classes qu’il s’agit. Si dernièrement l’avantage est au patronat, les salariés ont montré les dents à de nombreuses occasions : postiers, cheminots, pilotes d’Air France, ainsi que dans le privé contre les licenciements et les suppressions d’emplois. Là aussi, le gouvernement a choisi son camp en envoyant ses flics contre les grévistes et les manifestants.

Manifestons le 15 novembre à 14 h, place Denfert-Rochereau à Paris

Ce qui manque pour inverser le rapport de forces, ce n’est pas le nombre ou la colère, mais bien la convergence derrière des objectifs communs. Un tel mouvement se heurtera à de vives réactions du gouvernement. Il s’agira alors d’étendre nos luttes afin d’opposer à la violence sociale de la bourgeoisie notre véritable force : celle du nombre.

manif_3A_15nov2014C’est pour cela que nous serons dans la rue le 15 novembre, lors des manifestations appelées par le collectif 3A, regroupant des syndicats et des organisations de gauche contre l’austérité.

Ce sera une occasion de mettre en avant l’interdiction des licenciements, le partage du travail entre tous sans perte de revenus et l’augmentation des salaires et minima sociaux d’au moins 300 € par mois. Comme d’habitude, des marchands d’illusions expliqueront qu’il s’agit de patienter jusqu’à 2017 et de bien voter. Mais, dans la rue, nous aurons des choses bien plus urgentes et sérieuses à dire !

 

Éditorial des bulletins d’entreprise du 10 novembre 2014

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